" REVIENS A TOI " (Stlrncr) "DEVIENS CELUI QUE TU ES" (Nietzsche)
A PRIORI JE NE SUIS CONTRE PERSONNE A POSTERIORI JE NE SUIS POUR PERSONNE
EDITIONS OSERETRESOIETSEFOUTREDURESTE
Chacun pour soi, la terre pour tous.
Céline.
Ces quelques lignes ne s'adressent pas à une classe plutôt qu'à une autre, je ne pratique pas le racisme de caste, j'écris pour le lecteur inconnu, l'homme seul, qui n'est en lait que moi-même.
Il faut voir la vérité en face, il est bon de dire ce que l'on pense même si votre sincérité fait mal. Ça soulage.
Le Progrès est un humaniste qui, au nom du bonheur de l'Homme abstrait, a asservi l'homme véritable. La Société viole les personnalités, agresse constamment l'individualité, dans son acharnement à niveler les valeurs. Il faut savoir réagir aussi bien contre les conservateurs-fossiles misonéistes que contre les progressistes-régressistes métaphysicants.
L'anarchisme n'est pas, pour moi, un système politique d'extrême-gauche ; c'est la négation même de la politique car la Gauche et la Droite ne sont que les compléments d'un même système condamnable en lui-même, la représentation d'une meute dépersonnalisée à la mentalité identique. Dictature de la Bourgeoisie ou Dictature du Prolétariat, c'est toujours la Dictature pour l'individu qui pourrait s'en passer.
L'anarchisme est, pour moi, une forme de pensée, un style particulier de jugement, une attitude vis-à^vis des autres : les « en-dedans » cocardiers, religieux et robots de toutes sortes. Ce n'est pas un parti mais un état d'esprit.
La primordialité engendre la primauté donc la liberté de l'individu. Mais je repousse toute déification (même, bien sûr, orientée vers moi-même...), la liberté n'étant pas, pour moi, une divinidité comme le pense Proudhon : « (...) et, tous ensemble, chantant un hymne nouveau, relèveront ton autel, Dieu de liberté et d'égalité », Et mon « je » que l'on retrouvera souvent au cours de cette brochure peut s'adapter peut-être à d'autres... cela m'est égal.
Le principal est de rester indépendant de toute doctrine, de savoir « planer » librement car un maximum de liberté procure un maximum de bonheur par la connaissance de soi-même.
« Ce qui compte, ce n'est pas le bonheur de tout le monde, c'est le bonheur de chacun. » (B. Vian.)
Personne ne peut sortir de son individualité.
Schopenhauer.
C'est bien en désespoir de cause que Je consens à écrire ce titre puisque je récuse toute étiquette. On se dit individualiste, libertaire, anarchiste, etc. Je ne suis pas atteint de logomachie ; je suis moi et c'est tout. C'est comme les mots : propagande, militant, partisan... au service de leur sacro-saint Anarchisme et de leurs discours sur le dévouement révo-lutionaire... mais le « moi » ne reconnaît aucun principe, aucun drapeau, fussent-ils anarchistes. La vie de tout un peuple ne vaut pas la mienne. "
La morale collective règne chez les hommes de toutes tendances, aliénés et conditionnés par la civilisation et ses mythes qui les compriment, les désindividualisent et entravent le développement naturel de ces épaves inconscientes de leur état.
Le tempérament individualiste n'est pas une passion passagère. A rencontre de certains enthousiastes embrassant des causes éphémères, l'individualiste ne peut pas l'être du jour au lendemain, s'il l'est c'est pour toujours, ses idées formant un état d'âme permanent, une personnalité inébranlable et non un emportement de jeunesse, un feu de paille provisoire et périssable.
Mon individualisme s'engage pàr ses idées mais se dégage de la farce sociale ; il ne s'enrôle pas, ne s'embrigade pas, puisqu'il ne veut ni commander, ni obéir ; la vie est un spectacle : il est son spectateur-acteur. Il n'a pas l'esprit de sacrifice, il refuse de courir au suicide (au sens propre ou figuré) pour un peuple, un pays, un idéal. Une forte personnalité sera toujours en perpétuel et véritable conflit avec son milieu quel qu'il soit. La révolution est intérieure ou elle n'est pas. Elle l'est par l'exemple. (Une transformation extérieure ne peut venir qu'en seconde phase. De toute manière : « la vie intérieure et l'action sociale sont deux choses qui s'excluent ». G. Palante.) Se sentir libre, c'est déjà l'être. L'individualiste anti-agrégatiste, se défiant de toute société et s'y opposant, est donc, par essence, asocial. Il n'est pas revendicateur, il est négateur. Son détachement social est une recherche de vie intense, débridée, éperdue, inassouvie...
« (...) Celui que rien n'enrôle et qu'une impulsive nature guide seul, ce hors-larloi, ce hors-d'école, cet isolé chercheur d'au-delà...» (Zo d'Axa).
Entre l'art et l'anarchie existent des rapports étroits.
G. de Lacaze-Duthiers.
La souveraineté de la collectivité c'est la mort de l'esprit critique, de l'esprit d'initiative, d'indépendance, des capacités, de la valeur et du talent individuel. L'homme-objèt ordinaire, médiocre, bourgeois ou prolétaire ne se suffit pas à lui-même, il dépérit s'il ne collabore pas à « l'extérieur ». Mais à quoi bon posséder les plus grandes richesses si on ne se possède pas soi-même... H est interdit de rêver, de créer ; l'artiste qui ne peut prouver une certaine audience par la quantité de ces écrits édités à des milliers d'exemplaires ou par l'importance de son compte en banque n'a pas droit à la parole, ne peut pas être entendu, ne peut pas se défendre. Face aux « neutres » qui l'étouffent, face aux structures sociales rigides, stupides et abrutissantes qui nuisent à l'épanouissement de la personnalité, l'artiste non gangrené s'élève violemment. Considéré comn» « différent », « original », il est soit rejeté dans la misère ou interné dans un régime de droite, soit fusillé ou enfermé sous un régime de gauche. A moins bien sûr qu^l sache louvoyer et faire l'apologie du pouvoir en vigueur, il sera alors récupéré, entretenu, choyé et dorloté. Mais « l'art ne peut être si bien servi que par une pensée négative » (A. Camus) et face à une civilisation mercantile, un impérialisme ou un soda-lisme de morts-vivants, un homme se singularise et s'élève parfois seul et sans protection contre les forçats, les mercenaires et les prostitués de l'autorité. Considéré comme asocial et indésirable, c'est un « élément incontrôlé » qui refuse d'être intégré, de se subordonner et de se faire cataloguer par les machines ou de se laisser enfermer dans des asiles d'aliénés construits par les véritables fous : ceux qui sont à l'extérieur de ces bâtisses.
«
L'art, prit dans le bon sens du terme qui peut être la négation même de ce dernier d'ailleurs, inutile de jouer sur les mots, l'art donc est la sublimation du « non » anarchiste. L'artiste, individualiste par nature, est instinctivement libertaire. L'artiste anarchiste refuse d'être absorbé et annihilé par la masse et son esprit de corps, qui grâce à la concurrence et la rivalité se cristallise dans l'hostilité des classes.
L'artiste-paria, le poète inadapté qui griffonne géniale-ment sur les murs des prisons, des églises, des pissotières, comme sur les arbres et les coins de nappes, n'a pas d'étiquette sociale puisqu'il n'est pas un maillon dans la chaîne de l'économie, qu'il n'est pas inhibé par la propagande persuasive de la politique et refuse la plate égalité-nivellement des valeurs. S'il est fier c'est de lui-même et non de ses semblables ou de ceux de son milieu... Anti-imitateur, il ne crie pas l'agent conditionnel du réflexe de la foule : le slogan, qui, par son lavage de cerveau, son bourrage de crâne supprime les facultés de raisonnement de l'individu. Le créateur repousse les règlements, conventions et servitudes de la collectivité anonyme et oppressive lançant les mots d'ordre de son savoir-vivre.
Sa révolte n'est pas celle de l'esclave rancunier aux sen-tiiftènts aigres et bas. Elle est ironique, sceptique, nihiliste, autarciste* et oppose son imagination, sa sensibilité à la laideur environnante. Elle s'incarne dans ce que Georges Palante appelait le « dilettantisme social ».
Comme le lavage fait rétrécir le linge, le travail-devoir fait rétrécir l'intelligence. L'Etat incite au 'surmenage car celui-ci rend inoffensif le révolté en puissance qui le contesterait s'il en avait le temps.
C'est ce que fait l'artiste lucide qui dévoile le mécanisme complémentaire de la société : que feraient les militaires sans les guerres, les patrons sans les ouvriers, les prêtres sans les crédules, les architectes sans l'accroissement démographique, la Droite sans la Gauche, les policiers sans les criminels, etc. ? L'organisation sociale crée et perpétue les uns pour faire vivre les autres.
Habiles et perspicaces, les législateurs, les gouvernants s'infiltrent dans les affaires personnelles et la vie privée des individus composant un pays. L'artanarchiste, lui, leur conteste jusqu'à son dernier souffle le droit de s'occuper de lui sous prétexte de vagues intérêts communs, sous prétexte de préserver autrui en voulant contrôler sans être contrôlé. L'artanarchiste ne se soucie pas de l'opinion d'autrui basée sur les apparences et formulée par des êtres sans consistance gênés par la richesse intérieure et les saillies d*un « original ».
Grâce à des moyens irrationnels pour exprimer un monde qui se veut rationnel, l'artiste, par son égoïsme créateur, son imagination puissante et ses dons instinctifs, réagit contre le réel et crée contre les autres qui fabriquent, car l'art est expression individuelle, exutoire de passions personnelles, spontanéité et humour désespéré. « Je ferai jaillir de moi-même mes créations » (M. Stirner).
C'est alors la révolte de l'isolé face au monde extérieur, à l'absurdité de la vie. Il profère son droit d'anriexer les objets pour en faire sa propriété dans sa volonté de définir nimporte quoi par n'importe quoi ; c'est la remise en question de l'esthétique général par la vision personnelle « hétéromorphe ».
L'essentiel c'est soi. Kleptomane incurable aux forces créatrices éjaculantes qui chourave autour de lui ce qui existe pour le transformer en ce qu'il voit ou voudrait voir, frappant aux parois de couloirs interminables, l'artanarchiste, ce farouche individualiste réfractaire et contempteur de la société où le hasard l'a impliqué, hurle sa rage de créer.
« C'est la révolte même, la révolte seule, qui est créatrice de lumière » (A. Breton).
La foule ne supporte, n'admet pas l'homme qui se situe à part, enrdehors d'elle.
E. Armand.
Le bétail humain, satisfait et passif, n'est qu'abstraction par rapport au Moi inaliénable, seule réalité, déraciné mais libre. Le pouvoir de tous (entité des suiveurs inertes dirigés par quelques Ubus infatués et pontifiants) écrase certaines unités humaines qui voudraient s'exprimer, ces individus n'étant qu'apparemment un rouage appauvri, dépersonnalisé et asservi dans le lourd machinisme moderne. Mais l'individu a préexisté au groupe (la non-similitude physique et mentale des êtres démontre l'unicité de chacun d'eux) et chez lui la passion l'emporte sur la raison, les sentiments sur les règles. C'est l'éternel conflit entre le « mol » et le « nous », termes antinomiques et inconciliables.
Luttant contre l'intoxication, la rétrogreaaion et l'agression sociale chaque homme peut acquérir la maîtrise de soi et ne plus s'autosuggestlonner, suivre sa nature et ne plus être esclave des dogmes qui exploitent sa naïveté idéaliste en lui promettant le bonheur spirituel (religion) ou matériel (politique), deux formes d'annulations du raisonnement personnel au profit des idées toutes faites des « autres ».
Il importe de s'étudier et de se libérer soi-même avant les autres, de se reconnaître comme le propriétaire de son Moi (centre de gravité de l'oasis dans le désert humain) car pour être valable la connaissance doit être individuelle et la promiscuité de la foule n'est pas favorable à une pensée personnelle. La Masse, bête et obéissante, désire toujours être dirigée et commandée par une forte gueule. Le Marginal, lui, se tient à l'écart de la populace et du dictateur, il observe avec indifférence et de temps à autre curiosité, le tourbillon social, cette comédie truquée, ce cirque prétentieux, cette fumisterie atomique. Il affirme son droit à l'oisiveté, la rêvasserie et établit la déclaration des droits de sa volonté contre toute autorité, tyrannie bourgeoise ou populaire qui ne sont que sujétion et obligations.
La lumière est en soi. L'Unique l'a découverte. Grâce à l'art, par exemple, qui explore le profond intérieur de son créar teur (la perfection de l'état mental résulte peut-être du non-. fonctionnement du cerveau, de l'harmonie et de la contemplation intérieure du Moi, détaché des contraintes extérieures). L'Unique n'a donc pas à s'adapter aux autres, c'est à ceux-ci de monter à son niveau. Ce qui n'est généralement pas le cas... alors il est détaché de toutes contingences matérielles, dédaigneux, narquois, il survole nonchalamment le burlesque et tragique « spectacle » social tout en aiguisant son jugement. L'acuité de ses observations, son humour désespéré d'abstentionniste social le fait survivre dans un monde où il n'a pas sa place. Sa révolte retarde son suicide.
Selon la force stirnérienne, je peux, si je le veux, affirmer mon individualité par n'importe quel moyen et contre n'importe qui ou quoi qui s'oppose à mon désir. Devant cela certains humanistes pourraient avancer comme suprême argument que ces idées sont fascistes car je pourrais alors exercer violemment mon autorité en empiétant sur la liberté d'autrui, ce qui n'est ni plus ni moins que de la dictadure.
Cette opinion apparemment logique devient « paralogique » adaptée à mon cas :
1) L'individualiste artanarchiste est pour moi un homme conscient de ses possibilités et de ses actes ; il peut s'arrêter de lui-même en temps voulu (compromis peut-être, compromission jamais ; accommodement mais pas trahison).
2) Cet individualiste est égoïste (dans le sens noble du terme) et asociable, c'est-àrdire qu'il ne veut pas perdre son temps en s'occupant de ses semblables qu'il méprise pour la plupart. Il ignore les ignorants et ne désire donc pas les asservir car la domination fait naître des liens en retour.
3) Il ne raisonne pas d'une manière sociale et habituelle, mais en partant de sa subjectivité gonflée à l'infini.
L'Unique ne veut pas sauver le monde mais se sauver lui-même. Il ne cherche pas la libération collective mais individuelle, pas celle de « l'Homme », mais uniquement la sienne. Il est instinctif, instantané, délirant. Il est sympathisant et approuve l'individualisme aristocrate de Nietzsche sans l'adopter, car il n'accepte pas une élite de Surhommes au départ, mais pense que chaque individu, prenant conscience de lui-même et de ses possibilités, peut le devenir. L'unicité est en potentialité chez chacun. Il ne rejette pas la masse en général, mais uniquement ceux qui ne veulent, ne peuvent ou ne savent pas s'émanciper. N'importe qui peut mentalement se désallé» ner, il suffit de le vouloir et on peut le vouloir dès que l'on a compris le processus de toute chose.
L'Unique est le possesseur conscient de sa volonté de jouissance. Il déclare : ce que je veux faire, je le fais. « A quoi suis-je légitimement autorisé ? A tout ce dont je. suis capable » (Stirner). Il peut abattre qui ou quoi que ce soit qui l'entrave, lui barre la route ou même l'ignore ; sll ne le fait pas c'est par gentillesse, par indifférence ou par mépris.
La violence est une question de tempérament et de circonstances. Si mon caractère préfère généralement une non-violence indifférente ou une violence défensive devant l'agression, il n'est pas pour autant enchaîné et bâillonné par ses tendances et peut, s'il le désire, s'en détourner. C'est en cela qu'il n'est pas moraliste.
« Que chaque homme ne veuille rien considérer au-delà de sa sensibilité profonde, de son moi intime, voilà pour moi le point de vue de la Révolution intégrale. Il n'y a de bonne révolution que celle qui me profite, à moi, et à des gensi comme moi » (A. Artaud).
En vertu des rares avantages de la Société, passer sur ses nombreux inconvénients en tristes bateliers du Léthé en oubliant ses atrocités et ses injustices, mais par contre en recherchant un illusoire confort matériel et spirituel dans une vie d'espoirs et d'eau filtrée, voilà ce qu'est le style du contrat social. Mais il ne peut exister de contrat intuitif ou tacite. Il ne peut y avoir aucune sorte de contrat sur le vie, s'il n'y a eu, au départ, ni consultation de l'intéressé, ni approbation de celui-ci avec adhésion audit contrat. Il en découle que l'individu, à qui la société a été imposée sans préavis, n'a pas de clauses à respecter, d'engagements à reconnaître, d'obligar tions à observer, le contrat étant NUL. La liberté ne supporte alors plus de restrictions car la seule vérité formelle et véri-fiable est la réalisation des désirs quels qu'ils soient. « Tout ce que je suis capable d'avoir; voilà mes biens », écrivait Stir-ner. Il n'y a plus ni vice, ni vertu, ni bien, ni mal, mais uniquement des manières différentes d'envisager les choses. En théorie, je peux faire TOUT ce que je veux ; en pratique, j'attends, pour faire ce tout, de le VOULOIR (mais la pensée se réalise et vit automatiquement dans une personnalité unitaire).
La vie et l'individu contredisant les doctrines et les formules, je rejette tout programme, toute morale, toute conduite tracée préalablement, je ne prétends découvrir aucune panacée, ne propose aucun plan et ne demande à personne de me suivre. Ne possédant ni d'idées toutes faites ni d'actes de foi définitifs, vivant l'instant présent, ayant un comportement dépendant de mon inspiration, de mon humeur, de mes impulsions journalières, aucune attitude même celle que j'adopte n'est pour moi objet de respect. Je ne désire pas être l'esclave, même de mes idées. L'Ego étant supérieur à l'idée, je peux donc, quand et comme je veux, lui désobéir, considérant cette désobéissance à moi-même comme le comble de l'indiscipline et de la liberté.
« Toute conviction est une maladie » (Picabia) et l'acte qui suit la pensée mnémotechnique est imitatif, donc, il est une singerie nuisant à l'aspect spontané de l'acte gratuit, sans motif « raisonnable » de l'être qui « est » pleinement d'instant en instant. Je ne veux donc pas m'astreindre à conformer mes actions à mes idées par autodiscipline, autocensure, simplement il se trouve que, spontanément, les unes ne contredisent pas les autres généralement...
« La liberté n'est pas un produit de la discipline. Elle n'est engendrée que par l'intelligence ; et cette intelligence s'éveille en vous, vous l'avez déjà, dès que vous voyez que toute forme de contrainte est une négation de la liberté aussi bien intérieurement qu'extérieurement » (Krishnamurti).
Que chaque homme crie : il y a un grand travail destructif à accomplir.
T. Tazara.
Les hommes sont morts avant d'avoir vécu. Il ne reste que leur structure organique au regard vide, aux jambes chancelantes, errant d'une démarche saccadée isochronique d'automates sombrant dans le système social et les appareils politiques î
Psychopathes des domaines publics ! Pantins des pouvoirs publics ! Vos lois, vos dogmes, votre morale, annihilent la spontanéité, athrophient l'intelligence, paralysent le jugement ! A la recherche du bonheur matériel et céleste vous faites votre malheur ! Vos chefs « reconnus d'utilité publique » pensent pour vous et c'est vous les principaux fautifs ! Vous voulez « quelque chose », parce que vous n'avez rien, vous voulez « devenir quelqu'un », parce que vous n'êtes rien !
Suivez donc la course des étoiles, fossoyeurs de vos libertés, au lieu de poursuivre les fantômes de vos idéals-sécurité, de vos fuites-refuges, apprenez à vivre, insensés ! Passioné-ment, jouissez de vos sens !
Et toi, exploité mais indompté, seul et réfractaire, fais table-rase ; repars à zéro ; construis et affirme ta personnalité en dehors de toute contrainte et de toute compromission, use de ton pouvoir pour vivre libre de toute croyance naïve, de tout parti obreptice, de toute tendance tyrannique, à l'écart du troupeau bêlant qui t'entoure 1
Alors, Unique, porte ton feu rageur dans cette vallée de larmes serviles ! Proclame à travers les chemins, que les Dieux ne sont qu'illusions et prétexte à l'esclavage, les Etats que mensonge et exploitation de l'individu, la Société que repaire de brigands hypocrites, la Moralité qu'imposture et Institution arbitraire ! Fais sortir de la fange où ils croupissent ces races d'esclaves soumis à leurs tortionnaires f Cette « Humanité » ignorantl et infâme ! Et s'ils ne comprennent pas la différence existant entre les éclaboussures boueuses que leur cra-chent leurs chefs indignes, leurs bergers papelards, et le sang limpide dont tu les abreuves, alors s'ils sont sourds aux vérités de l'En-dehors, laisse-les dans leur tunnel, chercher à tâtons la lumière ; laisse-les barboter dans leur pus sordide et se contaminer de leur urine et de leurs préjugés !
On ne change pas des taupes en hérissons, des moutons en loups, des hiboux en aigles, des cons en génies f Ces prisonniers préfèrent admirer leurs murs suintant de pourriture alors que tu leur montrais les nuages qui se poursuivent à l'infini. Ces nuages de la liberté qu'ils n'ont aperçus qu'à travers les barreaux qu'ils se sont forgés !
j
Tant pis pour eux.
D. a. 1068.
Et même si on me donne tort... je me donne raison d'avoir tort.
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