yt a/A é&ol

NOIR & ROUGE • BROCHURE

PIZHP.E KROPOTKINB FEDERALISTE

par Camillo BERNERI

Cor-illo BERNERI a fait cette étude en I9éâ, en réponse à l'étude de A,TII>3HEH ,fXto philosophe de l'anarchist^o" (Xô Temps, Rome, $/7/l9iïI). Le texte en a ét6 traduit en anglais en 19-iH» Cette traduction en français, est, a notre cor>-naisdflnce, la première; elle a été faite d'aprfcs * "Quedérni di Rivoluzione Libertnrio" (édition! RL Napoli, 1949 ]«

4 s* suite, nous donnons une notice biographique) sur GAmiUo 3erneri.

NOIR ET ROUGE

TTh des cotés les plus intéressants de la pensée politiquo de Pierre Kropotkine est le fédéralisme, th&re qui revient si fréquemment dons ses écrits et qui constitue une des bnsô3 de 3on idéologie anarchiste. Le fédéralisme kropotklnien, tout en nTétant pas une théorie systématique, et tout en ne se différenciant pos profondément du fédéralisme de Prou'lhon et Bakounine, présente plusieurs caractéristiques qui en rendent l'examen intéressant.

TJn tel examen demande un rappel biographique, qui nous éclaire le genèse de la pensée fédéraliste de notre auteur, en liaison avec l'*nbiance dans lequelle cette pensée s'est formée et s'est aTirmée. Le philosophe* italien Tilgher écrivant sur Kropotkine, observe ?vec juste raison: ,f0n ne comprendra jamais l'esprit profond du mouvement anarchiste, si on rie le considère pas historiquement corrtne une réaction radicale et violente contre la profonde transformation subie au cours du EKè siècle par lfinstitution étatique".

Kropotkine, prince-anarchiste, est, en fait, le meilleure dé-nonstration de cette affirmation.

I - Sxpériencca

L'autobiographie claire et détaillée de Kropotkine (Mémoires d'un Révolutionnaire) nous permet de suivre p^s h pas les. phases particulières de formation de sa penses fédéraliste.

À dix-neuf ens, officier, de cosaques, il se rond dons le Transbaîkalia, où il s'intéresse avec passion aux grandes réformes cororencées en IF8S par le gouvernement et confiées à l'Administration Sup^ri^ure de la Sibérie» Secrétaire des comités gouvernent»ntaux, au contact des meilleurs fonctionnaires, il conmenoe a étudier plusieurs projets d'administration itonlcipale, 11 voit bien vite totxs ses efforts de rénovation entravés par les chofs de district, protégés pa» les Gouverneurs généreux» soumis à leur volonté, aux ordres et à l'influence du gouvernement central. La vie administrative lui révèle chaque jour des systèmes et des méthodes absurdes, (Misai, vu l'impossibilité d'une quelconque réforme, en IP63 il participe à une expédition le lon^ de l'Anour.

Durant une terapota, «quarante ?-'nichas coulént et deux rille tonnes de farine sont perdues. Cette catastrophe lui donne l'occasion de connaître en-core mieux ln bureaucratie cantnûe...les. autorités ae-veulent pas croire ou désastre et les propres employas aux offriras de la Sibérie, à P?tro/>rad, non.tront une ignorance corplète 4c tout oo qui entre dans leur fonction particulière. Un haut fonctionnaire lui dit: 'Ton cher, co^r.t est-il possible que Quarante péniches soient détruites sur ln ïfêva sens lut- personne ne s1 élance pour les sauver!" Kropotkine lui r-Jponiant que l'^rnour est"quatre fois plus Inrçe que la Sa va, le fonctionnaire lersanda, surpris: "JMs il est vrairoaiït si grand ?" et il passa, vqxq , a Vautres betises.

Kropotkine part pour la Mandchourie plus eue jan»às découragé par lf alrinistr/ition cehtralè* Il doit certr.inc.rcnt penser aux bureaucrates de Patro-grad qup-nd, « la frontière chinoise, un fonctionnaire Se l'Ztapix* Céleste repousse son passeport parce que femé d'un mode-rte feuillet de charte protocolaire, tandis qu'il Montre un gronà recpect pour un vieux aur'ro de la volumineuse "Gazette de Moscou" qu'on lui rontre corme passeport•

Devenu attaché au "Oouvemorat Gtniral pour les affaires cosaques", KropotiCine fait une enquote approfondie sur les conditions économiques des Cosaques de l'Cusour. Revenu à Pétrogrod, il se voit félicité, récompensé, ot reçoit de 1'avanceront. Mais la réalisation pratique des projets proposés cchouc par la faute des fonctionnaires qui volent 1'argent et continuent à harcalor les peyaans, au lieu 3e leur fournir le bit^il et de porter rero&de, par des secours prompts et

adéquats, aux dégâts c*us£s p*r la pénurie. i ' *

"Cela arrivait - 3it Kropot-dne - partout, en cor^enç^r.t par le Fnlais à1 Hiver, à Péfcrograd, pour finir \ l'Ousour et. a KanchatkLa haute adninistration -io 1a Sibérie faisait "'tût de soq excellentes intentions, et von devoir est de répéter que, tout bien considéré, ells était bien nei Heure, beeucoup plus écloirSe, s'intéressait plus au bien-être du peuple, que. 1'administra^, tion de quelque autre province de Rusai*. Mais c'était une administration - une branche de l'arbrs av*it. ses racines h' P^trocçrBd - et cela suffisait pour paralyser toutes ses excellentes intefitibns, suffisait pour quelle s*interpose et étouffé tout principe do vie et tout projet autonome• Toute chose couroncée par les -habitants pour le bien du pays éveillait le soupçon, et était iotere nt poralysie par ni lie difficultés qui profanaientt9 non tant do la niaise volonté des administrateurs, que du fait que ces fonctionnaires appartenaient r. une Qdwinistration centralisée et hi«>. rarchique» Ift simple fait qu'ils f;cpor tenaient k un /?ouvamorant qui rayonnait depuis une ville aapitale faisait oussi qu'ils considéraient chaque chose du point de rua des errployes qui se demandaient d'abord: qu'est-ce qjie diront les supérieurs et quel effet cela aura-t-il 3Ur le néeanisrce administratif ! Lee intarât à du pays passaient au second plan."

Parollfelettant à la connaissance" du" ïïfîuvâiâ" Fônstlonnernohft dc3 organea centr*lis£s, le3 observations sur la libre entente entre les intéressés, qu'il faisait continue lieront durant les longs voyages en Sib.îric et en Kandchourie,. contribuèrent à la formation do sa personnalité anarchiste. La fonction que 1C3 masses anonymes exercent dans les grands înementa historiques et, en gêna ral, dons le d^volopparant de la civilisation, lui apparaît évidente. Cette évaluation donna, corrçie nous le verrons, fora» à toute sa critique sociologique et fut la base de ae ttlthode de recherche historique.

Yenu en Occident, on Suisse, le contoct avec la Fédération du Jura, dont les militants étaient imbU3 du fédéralisme libertaire de Baicounine, exerça

uns grand© influence aur ses tendances fédéralistes et libertaires. Déjà en IP7$ cctto organisation avsit assuré une direction spécifique™nt autonoiniste et anti-auto ri toire# II faut noter que la dorinetion forternent centralisée, on peut dire tyrsnnique, du Conseil générel de l'Internationale (I) avait beaucoup contribué k la pri.se de- c^tte direction.

Retourné en Russie et mis en contacts avec des groupes d'intellectuels de gaucho, Xroootkine constate une nouvelle fois l'inutilité des efforts faits par ceux qui tentaient'de ri^énérer le pays par les zérostvos (£]• Une telle oeuvre o-tait soupçonnée de séparatisme, corne tondant à cr'er un 3tat dans l'Etat, et per^-sécutéo à un tel point que toute tentative d'omilior-Jtion dans le domine administratif, sanitaire et scolaire avortait rds^rnbleurent, semant la ruine dans des groupes entier» d'élus dss ^e^stvcs.

Malgré lôs d--«illusions subie? durant l'activité administrât lté précédant. von abandon de la Russie, Kropotkir.c yo remet au travail, et ayant hérité de le propriété paternelle de Te^bov, il s'y intsalle, vouant toutes ses énergies ou ?em.stvo local. Mais il doit encore une fois constater l'impossibilité d'instituer des écoles, dos coopératives, des U3ines-Trodùles, sans cr?er de nouvelles victimes du gouverneront centrai.

g - La critique

T^s articles que Kropotkino publia, entre IP79 et I88fi, survie Révoltén de "îenfcvb, il paraît évident que la vie administrative des Etats occidentaux ne lui offrit qu'une nouvelle ratière h la critique i:nti-étatique et le confira» toujours plua dans ses idées fédéralistes et libertaires. Partout où il y a centralisation, la bur^aucrotie renforce, "une arrrAe d'enployis, véritables araignées eux doigts crochus, qui ne voient l'univers qu'à travers les vitres 3clcs de leur bureau ot ne le connaissent que par leur peperasse et leurs formulaires absurdes - une bonde noire qui n'a qu'une religion, celle du pourboire, -n'a qu'une pensée, colle de suivre un parti quelconque, noir, violet ou blanc, pourvu qu'il garantisse un maxi-rtxr. 5a salaire pour un minimum de travail H. (3) . 3t la centralisation, anenant au fonctionnarisme outrar.ee, apparaît à Kropotkinc comte une des caractéristiques du régime représentatif. Il voit dans le parlementarisme le triomphe de lf inccnpatence: et ainsi j>orlo-t-il, avec une pittoresque ironie, de l'activité administrative et légialativo du d?puté qui n'est pas appelé à juçor et k pourvoir à tout de ce qui est de se conpétonce particulifcre et relève de sa circonscription, rnais a ^mettre une opinion, à voter les séries de questions varient à l'infini qui surfissent de

(I! Kropotkitici voit dans C6t>e expérience "le* première étincelle de l'^narchismo".

(&) Conseils de district et de province. L'idée de la nécessité pour la Russie d'un régit» fédérât if fut agitée depuis le début du XlXè siècle par les déceobristes (ver8 iràs] ot fut reprise par les raoïrires du groupe socialiste de Pétrachewsky [ If?4(? ), par ".erraroewsky, entre 1855 et 1961, et enfin par Rakounine et les populistes de le période I67C-8J. Le modèle dos Stats-Unis d'jnérlque et de certaines ir-stitution3 et traditions locales conduisirent ésolenent des fonctionnaires îi projeter dos organisations administratives basées sur le principo de l'autonorie. Par exe~?ple: le projet administratif de Speransky, pour la Sibérie cocprenalt des conseils, f ornCs des représentants de toutes lpe -administrations dont La tache aurait dû être la gestion de toutes les affaires locales.

(3] Héiaoiros.

cette chine mastodontique qui est l'Etat centralisé?

■ . i1" a

''Il devra vcter i'if.pSt sur les chiens et la rIforne de l'enseiçr-emant universitaire, sans ôvoir jawis mis les pieds à l'université, sans connaîtra un chien do carpqgne. Il devra se prononcer sur les. avantages du fusil Gras et 3ur le choix du lieu des écuries de l'Stat, H votera sur le pfcy lloxe- i, le blé. le tabac, Vensel.^emont primaire et I* assainissement des villes; sur la Cochinchlne et la Ouy^ne, sur ies tuyaux des chemins et l'Observatoire do Pa -ris. Il n*n jamais vu les soldats, sinon aux défilés, rais il repartira 1*jc

• corp? d'arrres; il n'a jamais connu un Arabe, mais il fera et 1 tfV lo code musulman en Algérie. Il votera peur la shako ou le képi selôn lo bon plaisir de so feirrre. Il protégera le sucre et sacrifiera le bli. H.tueia jxï créant préserver: il votero le reboiserions contre le pnturage et protégera le

raçs contre le fôret# Il sera comptent en iratière bancaire. Il 3icrifiera un canal Ik une voie ferrée, sana sav -ir trop dan3 qualle partie d6 la Fronce se trouvent l'un et l'autre- Prothée, craiisciorit et oamipotont, aujourd'hui militaire, detMifc porcher, donc tcÂxè h tour banquier, oca^.5*oicisn> balayeur.

• médecin, astrenoro, fabricant do drogues, tanneur, corrarçant, se3.on Xes or--

• dros du jour f.o la Ohaîrbra, il n'existera jaicnisu Habitué par aos fonction.* d'avocat, 3a journaliste on d'orateur d"assemblée publique, n. parler de ce qu'il ne sonnait pas, il wtero sur tout cela et sur d'autre ^lest^ons ot encore d'autres avec cotte seule différence: tandis qu'nveo lo journal il tvs divertira que lo concierge cancanier et qu'aux assises il ns réveillera par se voix que les juges et les jurés sotrnclcnts, \ lv Chancre son opinljn éW-blira 1d loi pour 3C ou 40 millions d'habitants/' (I) -

. • Kais le ronde occidental, a^sc les absurdités rdcini^trnti-es fias résines représentâtes centralisés, lui révèle, plus v:st<3 et complexe que l'imrense force observée dans le Y.i? russe, a*llo des libres associations, qui "s'étendent et cocr-nsneent à couvrir toutes les branchas dr 1'activité huirpine", et lui font affi^^r que "l'avenir appartient K la libre e?sociation des ifct^rassétf et nor. \ lo centralisation 50Uverrercnt a 1 e" c (a)

(I) "Paroles rebelle0 .

? a > y bip: "Paroles d'un râtelle". "Ln conquête au nain", "L'ypjui rituel" (ebap. VH-VTIÎ et conclusions}. A partir de IP40 environ le :tir servira de point Oe départ à la pansue sbciale russe inspirée par des rues collectivistes, tmdjc* que la pensée libérale gravitera autour du zc-rujtvo. ?omé entras les XVI?: et ZTTIIè siècles, en réaction au fisc et av. pouvoir seigneurial, le nir ûrait acrare caractère essentiel la responsabilité ^iscsle collective et la tion périodique dos tarros. Au temps de r-'f orîœ. 3e IP6Ï, lo ilr acquit aussi un caractère juiieiaire. La commun*- rurale (mi*.) comprenait,encore, dur débuts du XXîî siècle, les *?/lfi des terres paysans, rcic la réforme da Stolipina (décret du M novembre 1907 et loi du 27 Juillet 1010} e'; lus conditions de développement capitaliste de la Russie en rorrenc&rant la déznzSçz* \ ' tion* 2n I8PÏ Marx s'occupe, à-la deronde de Veru Zessulich, du tfroblfcjna de la possibilité d'or, passage direct du nir à une "forme comrurdste supérieure de propriété foncière", et arrive à la conclusion que "la co-^une rurale russe est le point d'appui dé lo régénération sociale en Russie; m^is pour ou'ai^o puiase fonctionner corove telle, il faudrait d'abord éliminer les influences qui l'assaillent de tous cotés et pouvoir lui assurer les conditions nomaies v d'un développement spontané"* (Archives Marx-Sc ralsl.

Particulièrement les années passées en Angleterre, pays où l'autarcie des citadins et l'énorme développement de le libre initiative ne pouvaient pas ne P'js frapper profondément lf<îtrartger veru dss pays s1ovg3 et latins,, ont poussé Kropottclne à valoriser, dans certains cas i l'excès, les associations.

A la comrii3soiice ^irscte du mondo occidental, Kl*rpotfcin© ajoute une nouvelle direction à ees *tudes. Géographe en Russie, il devient un historien passionné en Àivtle terre* II '/eut comprendre l'Etat et sait que pour le comprendre "il n'y a qu'un moyen: celui de l'étudier dans 3cn développement historique"* Il constate evec enthou&iasrse (I) que lo tendance ^néraJre des sciences eut celle "d'étudier 1» nature non \ travers les résultats, les grandes conclusions, mai3 plutôt, n. iîrc^ers phénomènes particuliers, les élérsnts particuliers1'. De ment; l'htètoir*, cessant <lf'Atre> l'histoire des dynasties, est devenue colle de3 peuples; Il csi gaçruS p??r 13 r^thccie historique rais aussi par I2 concc-ption fédéraliste parce qu'il lui semblera évident que les grands renouvelleronts n'ont pas été faits r'â-ans les pstaiô nj leo pariertents iar»-? les villus 60 les Er. se ccn-•secrant aux étudss hietoii^ës, il voit dans l'excessive concentration de l'empire roimAn loc causes de ehuto et dens l'époque dep corcnunas la-renaissance du rende occidental.

"C'^st l'affranchissement 4es coTsuned et dans le soulèvement dos peuples et des courtes contre les 2tats, que nous trouvons les plus belles pages de l2histoire, Certes, nous transportant dans le pnssé* ce ne sera pas vers un ■ Lonls ÎJ, ni vers un Louis X*/, ri vers Catherine ÏI que nous t ournerons nos regards; rois r-latôt sur l^s comines st les républiques d'Wtfftlfi et 'Io.?1q~ renne, de Toulouse de L^on, de Li^gc et de Cou-tray, d^îasbôurg et de Nuremberg, de Ps!:ov et Worgorod1-.

Kropotkino, or. tirant des exemples rte lo société médiévale, est tombé darw. divsrsss erreurs d'interpr<tation {3), dues surtout ou fait que las sources 0Î1 il s'cisfc reporté !oo™ les o-euves de Sis-ionS i) n'avaient pas encore atteint le ..r^voeu ofc ost .arrivée i'enquete historique l'sujourd1 hui. Il ne faut pas croire, cosr>e l'ont ^f.fir?r>î supsrficiellemfent piques uns, que Kropotkine pensait à l'époque dfca ccrTUnôs ît une* tort* Vâge d'or.

V, dira que j'oublie les conflits, les luttes intestines, dont est

pleine l'histoire tet&orzixna3; le tuTrultc dan? le* rues, io3 b*vailies acharnées contre 1*3 «ûdgneurc, l<*s insu' -estions des "arts jeunes" contre los 1;erts &r*tiqves", lo sang versé ot les représailles qui ont eu lieu dans ces ' luttes,. Eh bien '. ren, jo n'oublie rien. Mais cottîo Lco et Botta - les deux îastorienr de lvZ3;elie méridionale - cowê 3ic»>ndi, yerrari, C-ino Cepponi et taat d* autres, je p^nse que t-es iuttos furent la garantie trero de la vie libre dons "les villes libres*. " (3*.

Et ce sons ow lut'tes intestine© qui ont permis, 3eion Kropotlcine, l'intervention du

roi et' la t^ndstr*t de le coTnwno médiévale à ss circouscri^' entr,* sos 'ïP»^ f4ï*

(ï) "î^jd^nos- Neuve au>?f, Paris I6S4; conquête du Pain"; MLa science moderne et • JTATU»rch.iA,?.

-6- .

Un autre domine historique étudie par Kropotkine est celui de la Révolution française* Il est opposé à la bourgeoisie de PO rêvant de nlfsbolition de tous les pouvoirs locaux et partiels qui constituent autant dTunités autonoras dans l'état, la concentration de toute lo puissance couvernementslo dans les nains d'un pouvoir exécutif central étroitement surveillé par le Parlement - étroitement obéi dans l'Stat et englobant tout: ircpots, tribunaux, police, forces militaires, acolea surveillance policière, direction générale du comerce et de l'industrie - tout". Aux Girondins, il reproche d'avoir dissous les eoraunaa et s'attache à dénontrer que leur fédéra lisre était une fome d'opposition et que dans tout ce qu'ils ont .fait il s se sont nontrès aussi centralisateurs que les Montagnards*

Pour Kropotkine, les commnes furent l'ante de la révolution française, et il illustre largement le rouvement corounaliate, tendant à d^nontrer qu'une des eau ses principales de la décadence des villes fut l'abolition de l'easemblée plénière des çitqysns, qui avait le contrôle de la Justice et de l'Administration (l)* L'époque des ooraunea et la Révolution française furent, cotoïô pour Salvenini, les deux donaines historiques dans lesquels K.-opotxine trouva des confirmât ions de ses propres idées fédéralistes et des éléments de développement de sa conception libertaire do la vie 6t de la politique. Maie le souvenir des observations sur le Kir russe et sur le libre accord des populations primitives restait vivant, en lui, et c'est justement ce souvenir qui l'arianc 1. un féd?rali«ria intégral qui, parfois, pèche par oe sinplisré populaire qui prédorine dsns "La conquête du Pain".

3 - Le coTTOr.alisme

Exposant les théories socialistes, il a une attitude négative pour les saint-sinoniens et des soi-disant Utopistes, surtout Cabot, parce qu'ils fond^-mt leur systêsne aur una hiérarchie d'administrateurs, et aé montre au contrairement tbouai««né par la théorie co-nunaliste de 7curier (A)* Et il repeusse le collectivisme d'Stat parce que, quoique modifiant notablement le régime capitaliste, "il ne détruit pas pour autant le s^ariat", puisque "l'Etat ou le Gouvernèrent représentatif national ou coraunal pr^r/î la place du patron"f et que ses représentants et sea fonctionrûires absorbent, rendent nécessaire la plus-value de la production* Sn ce qui concerne l'Htat socialiste, il faut aussi remarquer que: "Quelle quantité de travail chacun de nous doit-il à l'Etat î Aucun%éeonomiste n'a jamais cherché à calculer lo nombre de journées de travail que le travailleur des r.happa ou des usines doit chaque année à cotte idoie babylonienne* On feuilletersit en vain les traitéa d'économie politique pour arriver u une évaluation approximative de ce que l'homme producteur des richesses, doit de son travail à l'état* Une simple évaluation basée sur le bilan de l'Etat, de la nation, des provinces et des coquines (qui contribuent aux dépenses de l'Stat) ne révélerait rien, parce qu'on devrait estiir/er, non ce qui rentre dans les caisses du l'réeoî-, mais ce que chaque lire versée au Trésor représente de dépenses réelles faites p*r le contribuable* Tout co que cous pouvons dire e3t que la quantité de travail donné© chaque année par le producteur à l'Etat est énome* 311e doit atteindre, et pour certaines classes dépasser trois jours de travail par senaine, que le serf donnait autrefois a son seigneur" (3). De plus l'Etat socialiste chercherait à étendre ses attributions et cela parce que "tout parti au pouvoir a l'obligation de créer de nouveaux employés pour ses client*", et cela, an plus de grever la vie économique de la nation par

(Il grande Révolution»» vol*I (spécialement 0hep. 3WJDCIÎ at volêH {cî»p*

(A) "La science Traverse et l'Anarchie"*

(3) "La conquête du Pain"; "La Science Moderne et l'Anarchie"*•

lez frais d^îdrinistration, constituerait une oligarchie dfincompétents. r?Il faut su conirrtira l'esprit collectif d© 1* foule exercé 3ur des choses concrètes11.

Lresprit collectif, terme générique oui, dans "La cornuete du Pain", devient: rle peuple', "la corrunc", "la société", etc., qui rend la justice, organise cou;, résout les problèmes l^s plus corplex^a. c'est une espace do divinité dont Savciio îîerlino a écrit, avec une juste ironie, qu'elle tient le rôle du choeur dans le tr-agï'is jrec^uo, r.t que les plus fins représentants do 1 Ten«rchis~e sont loin de i'sdoreï* Si le fédéralisme kropotkinien pkehe wr indécision et par une oxce3sive confisnoo fl?na les ^ppocitSs politiques ■u peuple, il cot remarquable par la largesse des Il ne peut y ravoir un f^déralisrre cons-^iuent qui ho soit intégral. Il ne peut être que sociclist^ et révolutionnaire.

De nerjoreux rise^sgïs de écrits rendent ^orpts de lfintégralité de sa pcnaéc filér^.isfre* Voici q.uelquee unes des affirmations les plu3 explicites:

nîvd££diiflcSs «..t autonomie ne suffisent pas* Ce ue sont-nie dçs mots pour couvrir ï*autorité Te l'r.tni «--jitr^lir.é;" ^MUjo-irfVhul. l'Stet 0* t parvenu à. s'impiseer «i&ns t eut es le3 manifestations de notre vie* Du hei-cosu ^ le. torche il nous tient dans ses bres. Tantôt comce Etat o-entraj., t^Tftot corme îîtat provincial ou cantonal, tantôt commu Etat-commune, il suis pGs, eppan-ît ^ plree du chemin, s'impose à noue, nous

noix s tcur»mo,:.

L'j 'or^.'iiXî lï?re v.1a forre politique que devra prendre- une révolution a'v-

Il ermite Corœune de Paria, justeir^nt perce que lv indépendante communale y est un mfvveu; vév.lutiîin sori^le un but» La "orrrunc du XlXfc si£*le "ne* c*orc "pas oeu-

IwTônt . miia *xmco\iate, révolutionnaire en politi^un, elle le sera

una? jrôawiocs pr-^uction et Au lo sera ebsnlumant

*1lib;'c -îo se der^tter toutes loo institutions qu'elle voudra et de faire toutes les ri-ot r Wclv.ti^ns ^u1 «lie tr^uvero n^ess.eirea", ^u elle restera "uns simple suc-f'urwlc rV: l'Etat, - ut r^-v 'o d^ns toun soa rawnt-, toujours sur le point dMontrer en conflit rvw ir£%"t et *e*tsine vaincue dans la lutte qui en décsuivrait".

^duv iCi-^potMiio dor-o, les co^runes libres sont l'ambiance nécessaire à révolution pour ^tt^ÎRîie -son -1 'veloppe^ent maxiîrm.

ton f*44ralisire aspire e "l'in^penderee complète des cc^nes, la

r'dérvtior- -Je a *c-munes libre3 et In révolution sociale drms 1? comnune, c'est-à-dire les .^o;* riB ';o:pporetifs po»*r 1** Tis^nctlon ne substituent k l'organisation étatique"♦

ÎTropotkin* 't. iux pagina: "A une époque, lo sol appartenait aux ccru-Mj composées de cultivaient la terre eu*-rêœ3, avec leurs brat^ mais à

foxr'Pi iVeudoe, - rjbus, de- vio?rnoeef les terrea cjrT^iMle.^ .sont devenues posses-eion il fûut dozy yue ^r.ranisés on cArrruncs, reprennent ces

pour lo*t n<?ttre ^ la disposition de eaux ^ui voudraient les cultiver^ Et encore: besoin ^'linfc r^Kite î bien, 3 es habitent s des c^r-runes voisines

3 entarviont .rç mix ot iln 1<i feront itic-ux ouo le tfinistfcre ^es travaux publics -Une voi«% îerï\e i Les ^^nutiea ir.t^r^^é»^ de la région entière la feront mieux que lc-6 e.n«r ep^wciirs /pii aorunnlant loo millions et font des voies défectuouœc (!]• - Tous -m*-, boo^iu d'écoles t Vous les feres vour-memes aussi bien que les messieurs

II) Aujourd* htti. le., ttMmlqu^r. n^^rnm une oc^Unation, une qualification

pl»xs lîr^ss. .(ïf.d.tr^dé ] .. .

- p -

de Paris et rveme mieux. L'Etat n'a rien a voir dans tout cela; écoles, routes, canaux seront mieux faits par voue ot à moins de frais". Ces passades de "Paroles d'un robelle" rendent évident que dar.s ,#Ls conquete du Pain", là où il dit que le cormune distribuera les denrées, rationnera le bcis, réglera les questions des pâturages, partagera les terres, etc., il n'et tend pas porler.de coroune "succursale de l'Stat", mais d'une association libre deo intéressés, qui peut etre, suivant les cas, la coopérative, la corporation ou la ainple union de plusieurs personnes unies dans un but conrtun •

Kropotkire no se préoccupa çuirc, bien qu'il en reconnaisse la gravité, des dangers inhérents au particularitTO. Voici un passage caractéristique à cet é-gard:

"Encore de nos jours l'esprit de clocher pourrait exciter beaucoup de jalousies entre deux conrunes voisin3. empecber leur alliance directe et ras» 'dllurar dos lut tes fratricides» Mais si ces jalousies peuvent effectivement enpecher .la fédération directe de ces deux ccr^unos, c'est au moyen des grands centres Que cette fédération établira., Aujourd'hui deux très petites municipalités voisines n'ont, souvoat rien qui les unisse di rectenœnt : les quelques relations qu'elles roaintiennett serviraient plutôt îi foire riôîtra des conflits qu'à lier e«ntre elles dos liens de snlidaritév Mais toutes deux ont déjà un centre con-cnun avec leqiel elles sont en fréquentes relations ot sens lequel elles ne poouri'aier.t erieter; et malgré "iou'ses I03 jalcusios de clocher, elles se verront contraintes a l'union .par V intcrrjédiaire de la grande ville où elles . sj'approvisionner et on^neut leurs produits; chacune d'elles devra faire portée do la morne fédération, pour raintenir leurs relations avec ce foyer et «jaunir à l'intérieur de lui"

îtous a von* "tir* ici vns simplification du probltaa fédéraliste. Pour bien jiLger JCropotkina, il faut tenir coopte non seulement de ce qu'il a écrit, m^is aussi de ce qu'il n'a pas pu écrira, Certaine hate, certaines lacunes, certaines simplifioations'de pît>bl&mas conplrxcs r.e sont pas seulement dues à so forne d'esprit, mais aussi ù l'impossibilité r^atérielle de développer ses propres points de vue. Il a presque toujours écrit pour des journaux destinés u être lus par les r.ens du peuple. ^

Frcfondéwnt décora tique, 11 2 toujours renoncé volontairement k 1b toce doctrinaire pour se mettra en bras de.chemise, comme Mala tes ta qui est cependant un théoricien et un nome cultivé 5e» brochures également ne représentent pas en* tifcrement ae3 idées, l'exposition complète de recherches, et lo raison, il l'exprime lui-même dans ses Mémoire s" : "U. faut éjaborer un iityle entièrement nouveau pour ces brochures. J'avoue que j'ai souvent envié ces écrivains qui disposent de toutes les pages qu'ils veulent pour développer leurs idées et auxquels il est permis cette excuse le TeîJeyraTri: "Je n'ai pas eu le terps 4'etre bref"* Quand je devais condenser les résultats 3 'un travail de plusieurs r*>is - sur, disons, les origines de la'loi - dans line brochure h deux sous, il œ fallait pas mal de terps pour abréger".

Ces difficultés matérielles, Kropotkiae ne les rencontre que vers XP64; aprfcs, pendant presque trente ans, il eut le liâoir d'écrire des livres profonds. Kais dans cette seconîe période, il fut plus un -Joctrineiro qu'un agitateur, et se pensée fut occupée par des 'recherches historiques et des études scientifiques, bien que "les paroles d'un rebella" reste se railleurs oeuvre anarchiste, pour le fraîcheur do l'expression et la cohérence idéologique.

Kropotkinc voit que le problème fédéraliste est un problème technique, et en fait 5.1 affirme dan.- soa livre %KLa science moderne et 1'-Anarchie", que: "tant

que l'horde sera forci 5e trouver ds nouvelles forces d'organisation peur les fonctions "tfoaieVo q.ue if3tât exerce à tr avers J/a bcurg3o5 3io ô ; quï oelâ ne sera pas f*it, rier. ne oern fait4', mis il ne pot. & cau&e 3e sa "ie scit aveuturouse, ssit strictement soient ifl^iie, développer syst&fe tiquaient ss cor^ception fédéraliste. St à un tel d/vc?.opporent s'opposait. qtt*z>i à la partie rédactionnelle» se propre co^. oçption anarchiste dons laquelle l*éleri évitai ponulai^o uonstituo l'abs ds 3 ; évolution ses réalisât ions pnrtisllos', àes varionWs à l'infini dans l'espace ot le tsrs-.s .dé histoire. - ; ... .. .. .. A .

•• «• . •r •• • r- • . 4 ~ Le içohérer/se d^as 1; ir.com ren^c. ' ■ v

• •• • • «—,::••

ï'^ttitute ^is-à-vi^ 'u p3roi>Itrre :1c l'action exigrchlstç au sein tu conflit, surdon/ Kropgtlcine s'inspira ''ffalessérô de pansée fédéralisme (!)• Bons , il Scritî '

'corflitî-'entre et lei .&*toun*ni0tv>3 n- fut p?s um question de

"personnes. fut'le "coafïit vtee^sairo les prineipae % féd^relisre et

1er T^riuciç-s^ centreli-snale J—iiïrc et le couverwKnapt ae i? " vn^f? ^ lib^v «ct.iow deu'ftê^seB populaires rvzr-zkstil ver» leur- émsncip»-

t'f-iâ)'"et le no r foc t \oxi rirent ' 1 \fp 1 du li^rro en vigueur? - un conflit entre

:'l9*sprïi latin ot l,aB7rit'.*llereMw^

An corr^uc^wrA •?»> y.ciK- . Xrcpotklr& ^it dcos îrenoe le conserve-

trteo ^'ÎÎ^Vl^i-t, c'^st'-WJrtfis révolution, sfc XfJiU*iMgâ9 le-trionpfce de l'IfclÇlrifc "'taSi'jÛG. c'arat'-^-dSi-ft la rSeOsism*- -Sen attitude fut celle de l!ir^ terveritionn.sfco il tsit Vabwa bon tténage avec les nationalistes

de Imitent? et * oci>6 corr^ j^-.t cuillsuft* (£} di.r.s I "ex^nié^alion. tois da&3 l'uni-lst-rolitc do position, 3 a con^irrr. jjou *>> "sa foi fédéra lie te est r^narqûeble- H oteit contre iMllo^nc porco qu:il voyait en die un ôssgor peur l'autono-nio des oeoples ^ 2fi d^entrsli.aetioTU Ears hq lettre au. professeur suédois Grc3t*ffô*i il

1 ur lv5 "^t^fc^ vri?.r.tr.\\x -^'Surope t-t vuicout pour la Russief 1 :-Allera3gne ét£>it le "^poui piin^Spnl de-*cvte ré^cion. Lo mili^arlsne p.-uasisr., le

dr^ d'irotitiit-ioriS popuJc>irea repïéaonVdtives offert per le Reichstag r-Uerard .-it xc eervrgs cec r^ior^lit îs sujettes «r Al.^acà. surtout dans In Prusse polom=.se où eitoyene 3iir.t plus traités qu'en ?^u.?sie •• «ans que le-^ ■ ^rti^, >Vv na p^teetent - c^s fi .ils r*e l'enpire cill»5wand scp.t les levons

ou^ l'Allev^gno ïso£*rû&# l'iUera^M do Sisnar^k donne à toutes 308 victiroee et en particulier î. 1!absoluti^rro nissc^ L^bdôluti^/e serait-weiritem 3.1 lorgfcunpf- en Russie et ourdit-il' permis lrécraseront des pôlon:ii3 ^t des finlandais s1 il"n'ôv^it pos eu pour «ître le. •'culture Dllor^nde" et si l'autorité n5c*veit oûre de lft protection ftllerr$3rdo

(I) Ct. a voulu voir demi l'attitude prise par Kropotfcine en I£J4 de3 analogies e^ec celle de n^'.ccuuint en ir?I» ëoloounlne .^teit pour lô ^-f^use v 'volutionnsire de le Franco ipris qu'à Paris la révolution eut renverué la T&onarcîii^j et il était ûp^^sé ou gr>u"rern^rrînt r^jublingln ds Pana, contre lequel il pr&che l'insuxvec-tien po'.ir ojposer ù l'arrêt ^îlcir«nde l'^rjftSe pop»>.?.sir^.

^Vyec intervintionnisno, Kropotkirio se détache de 1 'bnarchisner et il yila jus-^ttTk âignor le «tîanifeote dor deiss«lf er. qui fut le covble'-fle 1 incohérence

des anarchiste:! aLntor/entionnistey^

Âv.tour 1« regrettable brochure MKerl I^orx pt-ngerrivinieta^-,

• *

-IO-

Et prévoyant la critique: Oubliez-vous lfautocratie russe ? écrivait-il:

"Personne ne croit qu'après cette guerre dans laquelle tous les partis russes se sont engagés a l'unanimité contre l'ennemi commun, il puisse y avoir une possibilité de retour pour la vieille autocratie; c'est matériellement impossible. Ceux qui ont sérieusement suivi le mouvement révolutionnaire russe en 1905 savent quelles furent les idées dominantes durant la période de la première et seconde doume élue d'une manière relativerrent libre. Ils savent eûreœnt que le "home ride" de toutes les régions qui composent l'empire fut la basa fondarren-tale de tous les partis libéraux et radicaux. Iteis il y a plus. La Finlande accomplissait sa révolution sous la forme d'une autonomie démocratique ot la douma l'approuvait.

Et enfin ceux qui connaissent la Russie et son dernier mouvement co-prennent certeinerant que la vieille autocratie ne sera jamais plus rétablie ."dans la forme qu'elle avait avant 1905 et qu'une constitution russe ne pourra jamais prendre la forme impérialiste et l'esprit que le parlementarisme a pris en ±1-lemaç^e. Selon nous qui connaissons à fond la Russie, il est sur que jamais les Russes ne seront cepables do devenir un» nation agressive et belliqueuse, corme l'est l'Allemagne. Non seulement l'histoire entière de la Russie le démontre, mois la façon dont est constituée la Fédération russe empeche le développement militariste dans l'avenir ircr.édiet."

Pour Kropotkine, lo Russie étoit le pays du Mir, le paya qui lui avait offert de largos possibilités d'observations sur les avantages et les possibilités de l'initiative populaire.

La guerre européenne l'éloigna de sa feir.ilie politique: le mouvement anarchiste; la révolution russe d'octobre l'y fit rentrer,

5 - Bolcheviame et Sovid tiare

Kropotkine éorivait, il y a plusieurs armées, coirbettant l'illusion que les sociétés secrètes russes avaient de pouvoir, une fois abattue la tyrannie tsa-riste, substituer au mécanisme bureaucratique passé, une nouvelle administration corv-posée de révolutionnaires honnêtes et intransigeants:

"D'autres -les prudents qui travaillent à se faire un nom, tarais que les révolutionnaires creusent les mines ou périssent en Russie; d'autres -les intrigants, les parleurs, les avocete, les écrivains qui parfois versent une larme bien vite essuyée sur la torbe dos héros et se donnent pour amis du peuple -voici ceux qui occuperont les places vacantes au gouvernement et crieront: en arrière \ aux "inconnus" qui auront préparé la Révolution".

Sa prophétie a eu le plus vaste confirmation et lui-meme s'est trouvé dans l'opposition , opposition qui curait eu de nombreuses répercussions 3i son interventionnisme a outrance ne lui avait enlevé tout prestige politique.

Dans une interview donnée à Augustin Souchy, publiée daus "Er Keuntie Befreiuntf' do Vienne, Kropotkine dit: "Nous devons avoir des Conseils de cornalines, les Conseils cominaux doivent travailler selon leur proore initiative. Veiller à ce que, par exemple, en ces temps de mauvaise récolte, la population ne manque pas des denrées de première nécessité. Le gouvernèrent centralisé est* dans ce cas, on ne peut plus p«3ant (I). Tandis qu'en fédéralisant les Conseils on créerait un centre vital".

Danc aa rencontre avec Armando Borghi, il insiata beaucoup sur la rôle dos syndicats corr^î cellules de la réélut ion sociale autonomiste et antiautoriteire* Dans une de se.® dernières lettres (.23 décembre I9ÔC] à l'anarchiste hollandais de Rejger, qui fut publiée dans "Vrijo Socialist". il écrivait: "Lu révolution sociale a pri3 malheureusement on Puscie un caractère centralisateur et autoritaire"•

Le ? janvier I93T, Kropotkine avait tenu « Moscou (ou siè^e de la Ligue des fédéralistes, groupe formé sur son initiative dans la but d'étudier une possible organisation fédérative de le Russie) une confércrso (I) dans lequelle, après avoir tracé une histoire des courants autonomistes et des courants centralisateurs de la pensée russe et de la progressive et désatreuse centralisation étatistc de l'autocratie tsaristc, il réaffirmait ses principes fédéralistes.

"On se rend toujours plus clairement compte de l'impossibilité de ^aivorncr dans un centre unique IPO caillions d'horm;3 qui peuplent des territoires extrême-mont divers et d'une étendue qui surpasse de beaucoup celle de l'Europe entière. Cn prend toujours plus natteoœnt conscience de oette vérité: que la force créatrice do tant de millions fif bonnes ne pourra se ranifeator oleine^er.t que lorsque csux-ci m nantiront complètement libres de développer ce qua l^urs coutures ont de particulier, et d'organiser leur propre existence selon leurs aspirations, le caractère physique do leur territoire et leur passé historique"

La pc-naée de Kropotkine sur le révolution russe est exprimée dans un s^Ce aux travailleurs occidentaux, rt-mis le 1C juin à Miss Bonfield, qui avec d'autres 'délégués du Labour Porty, alla le soluer dans son araitage de Di^rdtrov, Ce "Message" ort un document notable pou- l'histoire dé la Révolution russe, Kropotkine, avançant que si la tentative d'établir une société nouvelle eu moyen de lo dictature d'un parti e3t destinée à l'échec, na pojvL-it pas néanmoins ne pas re-aonreître que la révolution a introduit dans la vie russe de nouvelles conceptions £.ur la fonction sociale et aur les Iroits du travail et les devoirs des sinples citoyens. V. oxpose ses idéeo, faisant une critiqua sereine mais intransigeante du bolchevisme cora;e dictature de partit et coctio gouvernement centralisé. Le premier problème /rénéral est colui des nationalités qui composent lo Russie. Sar cette question, il 4orlt?

rv-prisa des relations entre les nations africain a, européenne et la Rus-cie, ne doit sortes pas signifier qu on admette la supériorité do lo nation russe €ur les nationalités dont l'empire des tsars russes était composé,

"La Hua aie impériale est norte et ne ressuscitera j?*mais plus. L'avenir des diverses provinces qui composaient l'empire sera daœ une grande fédération. I^s territoires naturels des différentes parties de cette fédération sont en fait différents do ceux qui nous 3ont farlliers par l'histoire de la Russie, par leur ethnographie et par leur vie économique. Toutea les tentatives pour ro-■irener les parties constituantes de l'eipiro russe, Finlande, Ukraine, Géorgie, Arménie, Sibérie et autres, .sous une autorité centrale sont assurèrent vouéos à l'échec» L'avenir de ce qui fut l'Empire russe est dans une fédération d'unités indépendantes.

"Pour cela, il serait de l'intérêt de toutes les nations occidentales qu'elles se déclarent protes à reconnaître chaque fraction de 1'ex-empire russe le droit de se gouverner par elle-meme." . ■ .

-14- r

.. tyais 3011 fédéralisme va plua loin ::ue ce pro.?r9!rre d'autonomie ehtno^ra-phiqua. H dit entrevoir dans un proche avenir: "un temps où chaque p-ortie de la fédération sera elle-même une libre fédération de co-munes rurales et de villes libres, et je crois également que'l'Europe occidentale s'acheminera dans cette direction". • :v '

. . 3tvoici tracée la tactique révolutionnaire des autonomistes fédéralistes et exposée la critique do la centralisation étatistc des bolohevistes:

"La Révolutiôn russe -continuptrice des deux grandes révolutions anglaise et française -s'efforce de progresser à partir du point 3'est arrctée la France quand elle atteignit la notion de l'égalité de fait, c'est-à-dire de l'égalité économique.

^alheureusement cette tentative a été faite eh Russie sous la dictaturo fortement centralisée d'un parti, celui dos bolcheviks. La nomo tentative a été faite par Baboeuf et ses disciples, tentative centraliste et jacobine. Je dois avouer franchement que, pour moi, cette tentative d'édifier une république cccuministc sur des bases étatirtes fortement centralisées, aous la loi de for de la dictature dfun pnrti, s'est achevée en un fiasco formidable* ta Russie nous enseigne cornent ne doit pns s'irrroser le coTriruniame, meme à une population fatiguée de l'ancien régime et impuissante à opposer une résistance active à l'expérimentation des nouveaux gouvernants.

# "L'idée des Soviets, ou des Conseils d'ouvriers et de paysans, déjà préconisée durent la tentative révolutionnaire de 1905 st réalisée en février 191?, fut une idée merveilleuse. Le fait mome quo cca Conseils devaient contrôler la vie politique et économique du poys suppose qu'ils devaient etre coriposés de tous ceux qui participent personnellement à 1a production de ls richesse nationale.

* "Mais tant qu*un p^f3 est soumis h la dictature d'un oarti, les Conseils d'ouv-. riers et de peysans perdent évideraient toute signification. Leur fonction se réduit eu rôle passif représenté dans le passé par les Etots généraux ou les parlementaires convoqués par le ^nsrque et contraints de bénir tête à un conseil royal ctoolpotent. "On Conseil de travail ne pout etre un corps consultatif libre et efficace quand manque la liberté de presse, situation où se trouve la Russie depuis presque •deux ans sous le prétexte de 1 'état de guerre. Et quand les élections sont faites sous la pression dictatoriale d'un parti, les Conseils d'ouvriers et de paysans pe^ent leur force représentative. On veut justicier tout cela en disant que pour ccwbattre l'ancien régime il faut une loi dictatoriale. Mais cela constitue une régression quand il s'agit de procéder à la construction d'une nouvelle société.sur des fasses économiques nouvelles* Cela équivaut à lo condamnation à mort de la reconstruction. "Les moyens employés pour renverser un gouverneront déjà faible et prendre sa place sont connus par l'histoire ancienne et moderne. Mois quand il s'agit de reconstruire sur de nouvelles formes de vie, spécialement en ce qui concerne la production et l*échr.infï6, sans «voir aucun exemple à imiter, quand chaque problème doit etre rlsoiu pronptement, alors un çouveniement omnipotent se trouve absolument incapable de le faire au moyen de ses fonctionnaires. Pour aussi innombrables qu'ils soient, ils deviennent un obstacle. On d-'vcloppe ainsi une formidable bureaucratie auprès de laquelle celle du système français qui d-:man-do l'intervention de 40 fonctionnaires pour vendre un arbre abattu sur la route par la te^ete, devient une ba^telle. "Bt vous, travailleurs d'Occident, vous devez et pouvez éviter cela par tous les moyéna, parce que tous vous devo2 vous préoccuper du succès d'une reconstruction sociale.

"L'immense travail reconstructif exiçé par une révolution sociale ne peut etre accompli par un gouvernement central, naine ci pour se guider dans ce travail il a quelque ctose de plus substantiel que quelque brochure socialiste ou

anarchiste.

"Nous voulons la connaissance, l'intelligence et la collaboration volontaire d'une masse de forces locales et spécialisées qui pou rront vaincre les difficultés que présentant les différents problèmes économiques de leurs particularités locales.

"Repousser cette collaboration et se fier au sénie des dictateurs de parti équivaut détruire tous les noyaux indépendants, c omme les syndicats appelés en Russie unions professionnelles, et les coopératives de consommation locale, les transformant en organes bureaucratiques du parti comme on le fait actualleimnt. Cela est le moyen non d'accomplir la révolution mais de rendre impossible sa réalisation. Pour c^tte raison, je consid&re comme mon devoir de tous conseiller de r.e jamais prendre une telle lif.no d'action»"

C'est la pensée de Kropotkine sur la révolution russe et c'est la pensce qui a .-înlr/é et anime l'opposition des anarchistes russes.

6 - L*mflrcho-syrJicaliate soviétique

J. lo veilla de nartir pour la Russie, Kropotkine écrivait de 3righton, a la date du 31 mai 1917, une lettre pleine d1enthousiasme révolutionnaire et illurânée d'espérance anarchiste:

%

"Quoique chcse de grand est arrivé on Russie et quelque chose qui 3era le début cîc choses encore plus grandes un peu partout .. ce qui rn'e nrofonda-aent touché est le profond bon sens de la ruese ouvrière et paysanne qui lui fait comprendre la portée du mouvement et les promesses qu'il contenait .. Je vois ici, en /rsnee, en Russie, s'ouvrir une immense possibilité peur un travail construc- ^ tif dans la direction du coortunisme comimnalisme .. Ce qui nous a été reproché corne une utopie fent as tique sa réalise en grand en Russie, en ce qui concerne, au moins, l'esprit de libre organisation, hors de l'Etat et de la municipalité"

Dans sa lettre, Kropotkine fait allusion a la raison de son voyage en Russie: celle de participer au développement de la Révolution.

A Moscou, pendant l'hiver I9I7-ÏP, il tente d'élaborer les éléments d'une république fédéral! ste-soviétique«

•Son petit appartement étant r>nxisitionné, il doit se retirer dans le petit village de Diraitrov, où, dans l'isolement, il reprend d'arrrche-pied son oeuvre "L'éthique" comrencée à LoWros. Cette époque est ainsi décrite par A.Schapiro i

"Il s'abstenait de critiquer et d'attaquer ouvertement les communistes d'Stat devenus les patrons de la Russie. C'était la période militaire de la Révolution qu?nd ses ennemis le3 plus acharnés l'attaquaient de tous cotés. Kropotkine, qui était contre toute intervention étraigfera, craignait qu'une critique intempestive, qu'une opposition mal interprétée, favorisent a ce mement 1 enneird entrmun.

"C'était un greni reconstructeur et, qu'il s'agisse de questions d'usine ou d agriculture, de syndicats ou d'écoles, il avait toujours une proposition personnelle lx faire, un pian personnel de reconstruction. On aurait voulu investir aussitôt ses suggestions tellement elles auraient été utiles a cette époque de révolution créatrice. Il souffrait d^ voir que l'esprit de reconstruction manquait aux anarchistes russes et un jour qi*Til revenait sur ce thème et sur les divisions entre nous (dont nous parlions ^ s'exclama: "T'oy

ons un peu, cher ami, ne pourrions nous pas nous * élaborer un plan d

organisation d'un parti anarchiste. Mous ne pouvons c *rtes pas rester les bras croisés". Cela faisait du bien de voir ce vieillar#d toujours jaune -qui aurait pu être le grand-père de son interlocuteur -incap^le 4c rester inactif

ot appeler les jeunes à s'unir et à s'organiser. Nous décidâmes que, pour notre prochaine rencontre, il préparerait un projet d'organisation du Parti anarchiste. Il parlait de parti, non pour imiter les politiciens nais psrce que le not groupe devenait trop faible et restreint en fcce de la Révolution, magnifique même entravée psr le3 politiciens et les partis des politiciens. Lors de notre rencontre suivante, noue avons discuté longuement sur le projet qu'il n'avait p83 publié de préparer. L'organisation était 1m bse de 3on projet/1

Le parti anarchiste rêvé par Kropot kine aurait été, mêna s'il n'en avait pas porlé le noro, un parti enurcho-syndlcnlisfce* Schapiro raconte:

"Et quand la di$2U3slon portait aur la question syndicale, il répétait toujours qu'en réalité le u»/ndicûlistce révolutionnaire tel qu'il s* développait en Et> ... rope, se trouvait déjà entlèreœnt dans les idées propagées par Bakounine la prenlèxte Internationale, dans e*tte Association Internationale de.M Travailleurs qu'il airnoit donner corcra eampie d'organisation ouvrière* Il s'intéressait toujours plus au développement du syndicalisme révolutionnaire et aux tftives de» anarcho-syndlcnl.i stos ru.isoc pour participai' ou nouverant sy-^i^al et à la.reconstruction itéustriolle du pays. "Quand ver3 la f?r. de Ï9i0 -presque à lo veille de la molndie qui le tus -des jeunes s'adressèrent u lui pour lui demander de les diriger dans les nouvwxmts •i.. j. : anarchistes, il n'eovoyo la cl^norvdo de ces csroraàes avec une petite note qui finissait par ces tcI si ce sont ess jeunes sérieux, le «eilîeurè voie à leur indiquer est celle- de l'enarcho-syndicaliœne. "Nous étions heureux d1 avoir avec nous Kropot kine. 2t quand, quelques jo^rs avant se mort, J'allai le voir -dernière conversation que j'eus avec lui -il voulu avaçt tout snvoir coraent allaient les travaux ie la Conférence des enerebe^ syndicalistes (qui se déroul3 de îfcSl I9S0 au 7 février 1981, c'est-à-dire à la veille de sa rort) et il exprimait l'espoir d'un bon travail peur ! Avenir -

Dans ea rencontra avec À^Borghi, Kropotkine insista égelewnt beaucoup aur le rcle des syndicats comirs cellule de la révolution autonomiste et "anti-autoritaire". 3t c'est air.3i qu'il rencontre* A»Souchy ot d'autres exposants de ??or.3rcho-sy radicalisme.

Kais, pour éviter d'etre suspecté d1 interprétation tendancieuse ds ses parolos^ jo crois opportun de citer un extrait d'une lettre du ti moi I9$0f

"Je crois profondément en l'avenir. Je crois aussi que le rx>uverent sj-r.3ical3.pto c'est-à-dire des unions professionnelles -qui a réuni récerrront à. ccn cor.^rôr les représentants de vingt millions dr ouvriers -deviendra une srarde pui«sen;6 au cours des cinquante prochaines années, capable de conmenrer lo création û' une société corministo antiétatiquer 2t si J'étais en Franco, où se trouve actuel lenent le centre du mouva-)cnt professionnel, ot si je sentais physiquement plu3 fort, je ne serais lancé corps et Sne dons ce nouve®ent de la première Internationale (pas ls seconde-, pas lo troisifcrco, qui représentent 1 v-surpation de l'idée de l'Internationale ouvrière nu profit du seul parti i»-cial démocrate, qui ne réunit *>£xr\e pos lo moitié des travail leurs}" m

V v vO

? in

/ Kropot tel ne, vieux, malade. Trâsérable, est rort dons l'inœtion, aprfc* ■> avoir tenté de proirouvoir un rrouvenxint ivderaliLte ineis sans pouvoir rien réaliser par manque de liberté et parce que sa position durant la guerre de I9I4-T0 lui o-voit enlevé beaucoup do son prestige politiauc. Il s'était fait épieront dos illusions sur les soviets bolcheviques eu poiu'; de se sen.tir une ojpàcK, dejparenté avec le bojehevisoeï mais au-dessus des réserves., des Incertitudes contingentes

scn sovietisme syndicaliste coïïimnÊli3te brillait par la cohérence logique et l'audace constructive bien qu'on paisse regretter qu'il n'ait pas pu suivre lo'i phases ultérieures de dégénérescence de la révolution d'octobre (...) -

C.- 3ERNEHI (traduit de l'italien)

+ 4 +

q A « I L L 0 BESSERI

Il naît à Lodi le 48 roi IC#7 et» passe ses jeunes année3 £ Roggio Enilia.. Il s'inscrit au œrcle des Jeunesses Socialiste^, qu'il quitte btentât'pou? adhérer'au mouvement anarchiste, après une lettre, qui, à son époque, -fit beaucoup d'impression sur les jeunes:

"Il nous f ayt un nouvel essor, il nous faut, un retour au temps ou aimer une Idée voulait dire ne pas craindre la mort et sacrifier tout a la vie à une . soumission complète". (1915)

lîn 1917, a vin^t qp.s: "Je croyais que la vie valait par la façon dont elle vécue, au lieu de celar c'est 1e destin de tous, même de ceux qui ne sont pas parrl j/v: plus nombreux, de porter le T;oid3 de la vie comme une charge;, sur la pente"c Il collabore ectiveinent aux Journaux anarchistes ot au quotidien "T&ianità Nova6,. "Sa 191-, il part soldat au front, il écrit: "On combat et l'on meurt. Les violettes poussent sur le sol baigné de sang, le iong des fossés d!eau rou^a".

Il termine s<?s études à l'université de Florence et corrrrance à enseigner comira professeur do philosophie. Persécuté par le fascisno (en tant qu'enseignant. il s'était refusé ?i prêter fidélité au régime) il fut contraint de s'exiler» Sn 1286, il se réfugie on France, rois la police française ne lui laissé pas de r^pit. H est eu centra du mouvement antifasciste ot est l'objet d'arrestations et d'expulsions continuelles de France, de Suisse, illemagne, Belgique, Luxembourg et Hollande.

D'ur.e prison belge, il écrit en 1930, en frençsis; à Ciliena, uue de aos deux filles : "ut) jour peut-etre tu sauras combien pape a aicré ta t^m&n et vous autres, bien qu'il ait fait si souvent souffrir la première et ien qji'i: n'ait pas été tendre avec vous".

La Treme année, il écrit à LuigL Fabbri et se définit:

"Ce qui est curieux, c'est que d'un c5té je suis poussé à la poli+-j&u* mili tante, de l'autre, dans le dorraine culturel, ices études préféréee çont oc. d7une érudition très particulière (j'ai coché tont de temps a des oeuf-

fonnss; psychologie, zoologie, télépathie, etc) ou torriblement &bfiM-Citev [ j'ai un gros livre, de matériel, sar le finalisa*?)* Il en résulte uv« in&lâlee général".

"Plus *e lis notre presse et plus je crois rcvcr. (...}#,3i je m'en prends à l'individualisme, c'est parce que, bien que peu d'importance numérique, il a réussi u influencer presque tout le Trouverait, (...} Mon rêve est de susciter l'exatmn d'une grande série de problèmes, puis, en rassemblant les remarques critiques, les annotations, les solutions, etc. de oeux qui en parleront, d'arriver à un programme pour 1932 ou 1933, po/,r le présenter corme pro^ratroro d'un groupe d'anarchistes, qui laissent vivre 6n paix 1û3 autres, Mis qui veulent marcher sur une route à eux".

7ers la ineroe époque, il aborde le problème de l'organisation :

"Il feut sortir du ronantisffs» Voir le3 masses, dirai-je, er. perspective* Il n'y a pas le peuple, hotnogène, ra la les foules, variées, séparées on cetérories* EL n'y a pas la volonté révolutionnaire des passes, nais des moine nts révolutionnaires, dans lesquels les masses cont un énorre levier» (...) 5i nous voulons arriver à uns révision potentielle de notre force révolutionnaire non négligeable, il faut que nous débarrassions le terrain des apriorisr.es idéologiques et de ls rerlse à demein conrrx>dc du règlement des problèmes tactiques et reconstructifs. Je iis rasonstructifs parcs que le plus grand danger d'siret et do déviation de la révolution est dr.rxs la tendance conservatrice des nasses".

(Yolonta, IOSé, p.400}

Si 1534 environ, Berneri publie à Paris "Le Juif Àr.tiaérdte". Ce livre est particulièrement remarquable car alors lfantiracisroe était un sujet moins abordé qu'aujourd'hui et les conclusions de Berneri sont toujours actuelles* André Spire, poète et sioniste, le qualifie olor3: "un livre de première importance".

A la nouvelle de l'insurrection en Espagne. Berneri flicide de partir ir>-KtediateTnent» H prend part aux cotnbsts de Kontc Pelado août 1936) et de Huesca (3 septembre}. Il participe activèrent nux côtés de C*rlo Rossolli (l) \ la défense militaire et so consacre à ia propagande. Il fonde et dirige, h Barcelone, le Journal "GUcrro di Classe"; do Radio-Barcelone, il parle au peuple italien. Berneri critique Sprement ce qui lui o^mble erroné dans la conduite de la /ruerre:

"Il apparaît avec évidence qu'il faut passer de la guerre de positions îv une vaste guerre de nouveront, déchaînent l'offensive sur un plan d'ensemble veste et solide. le te-*p3 est désormais contre nous". "Solidarldud Obrerg^ en exaltant le gouvernement bolchevique de l'URSS a, aoit

dit entre parenthèses, atteint lo soumet de l'ingénuité politique". "Pilate est aussi infâme .que Jud03. lui est Pilate aujourd'hui ? Ce n'est pas seulement l'assemblée des renards genevois, ce ne sont pas seulement les autruches du ministérialisre social-démocrate. Pilate, c'est toi, prolétariat européen I " -

"Dans "L'Etat et 12 Révolution, Lénine déguisait le3 choses. Les marxistes "ne se porposent p9s la destruction complète de l'Etat", rais ils prévoient la disparition naturelle de TEtst comme conséquence de la destruction des classes au njoyen de la "dictature du prolétariat", c'est-à-dire du Socialisme d'Etat, tandis que les anarchistes veulent lo destruction dea classes ou «yen d'une révolution sociale qui supprime avec les closaes, l'Etat. Les marxistes, en outre, ne proposent pas la ccrructe armée de- la Cor.rune par tout le prolétariat, nais ils proposent la conquete do l'Etat par le parti qu'ils supposent représenter le prolétariat. Los anarchistes adrettent l'usage d'un pouvoir direct parle prolétariat, maie ils couronnent l'organe de ce pouvoir

conre fermé par l'ansenble des systèmes de gestion comainisfce -organisations corporatives, institutions cocrmunales, régionales et nationales -librement constitués en dehors et a l'encontre de tout monopole politique de rarti, et s'efforçant de réduire au minimum la centralisation edininistrative. Lénine, dans des buts polémiques, simplifie arbitrairement les données de la différence qui existe entre les marxistes et nous"»

la 14 avril 1937, il envoie une lettre ouverte à Federica Montseny, une do3 ministres anarchistes: j ... ... , ' ; -s-

"La base d'opération de l^armée fasciste'est le Maroc. H feut intensifier la pro-pe^nnde en faveur de l'autonomie marocaine.."

"L'heure e3t venue aussi de clarifier lo signification unitaire que peut avoir notre participation su gouvernement. (...) Appeler les masses à juger si certaines manoeuvras de sabotage du ravitaillement ne rentrant pas dans le plan annon-le 17 décembre 1936 par la "Pravdé": (et Berneri cite celle-ci):

"Quant a la Catalogne, l'épuration des «lénents trotskystes et anarcho-syndicalistes est cor*nencée; cette oeuvre sera conduite avec la noire énergie qu'elle a été conduite en TOSS".

"(...) Le dilemrb: ~uerre ou révolution n'a plus de sens. Le seul Aliénas est celui-ci: ou 3a victoire sur Prareo grâce à lo guerre, révolutionnaire» ou la

Dans une lettre à sa,compagne, il écrivait le 25 avril 1937: "Koi qui de?ns lo danger icflvSdiat no suis pas peureux en général, je suis, parfois, pris par la peur de la niort, sans qu'il y ait ur» raison particulièrement objective". Dons la nuit du 3 au 4 mai, il écrivait ïi 30 seconde fille Marie-Louise:

"Que de mai font les communistes ici aussi ! Il est presque deux heures et je vais au lit. La maison cette nuit est en armes. Je rre suis offert à rester levé pour laisser les autres aller d^Tdr, et tous ont ri, disant que je n'entendrais marcs pas le canon (il était un peu sourd} mois après, un à un, ils ont fait dodo et je veille pour tou3, travaillant pour ceux qui viendront. C'est la seule chose entièrement belle. Plus absolue que l'amour et plus vraie que la réah-lité eile-m&na. Que serait l'homme sans ce sans du devoir, sans cette émotion de se ^sentir uni à ceux qui furent, qui sont loin, ignorés, et qui viennent.

"Parfois je pense que ce sens messianique n'est qu'une évesion (...) quoiqu'il soit, il est certain que les sentiments les plus intenses sont les plus humains.

"On peut perdre èoa illusions sur tout et sur tous, mais non sur ce qu'on af-firre par la conscience morale. S'il m'était possible de sauver Bilbao avec taa vie, je n'hésiterais pas un instant. (...)

"Tout ce qui est dit plus haut eat d'une solennité un peu ridicule pour quiconque ne vit pas ici. Mais peut-être qu'un jour, si je peux te perler de ces mois, tu comprendras."

Dans la nuit du 5 au 6 moi, les cadavres de Serrieri et du Cs^merade 3arbieri sont trouvés parmi d'autres. Ils avaient été arrêtés par la police, dirigée par les économistes russes.

Sur cette mort, aucun '3oute ne subsiste, et Pietro Nenni lui-meme, qui pourtant n'aime guère les anarchistes, reconnaît dans son livre "La guerre d'Espagne", (p*76) parlant du terrorisme:

"♦.Les polémiques les plus virulentes furent concentrées sur des cas d'une gravite indubitable dans lesquels

il était facile de reconnaître la des

cornnunistes. Ainsi ce fut le cas pour l'anarchiste italien Camillo Beroeri, enlevé de sa prison à 3arcelone et tué à coups de revolver.. "

Israël Renof .

-le-

Nota

- Npus .pouvons msttre à la disposition de. ceux qui s*intéressent à l'oeuvre de P. KtfQTOTKINï:, une bibliographie de ce qu'on peut trouver den3 les bibllothaquos parisiennes. Le bibliothèque de C.I.R.A. (Cantre International de Rercherc'nes «Anarchistes, Case Postale 25, Genève Plein?nlai3, Suisse) peut aussi être consultée. '

- Les-notes biographiques sur BERIIERI ont été rédigées a l'aide de renseignements tirés de Fedeli: "Convegni e Con^.easi", i960, "Pensieri e Bataglie", Paris I93P.

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Brochures publiées par NOIR ET XUŒ :

- "Espagne 68" (épuisé) en collaboration 3vec Information Correspondance Ouvrière (Bljo'chier, J3&is rue Laboia Rouillon, Paris IOè).

- "Anarchiste", en collaboration avec la Libortariar. Lca^ue (P.O.Box ÔSI, Cooper Station, Ne* York 3, N.Y», U.3.A. ).

Brochures d'autres Editions llberteires :

- Contre-Courant, L^Locrvet, Ô4-C6 rue Pierre Leroux, Paris.

- Pensée et Action, Ifem Day, 3.7.4, 3ruxelles 03, 3el&ique.

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Janvier 1964

SI cotte brochure vous intéresse, veuillez nouu aider par votre participation,

:joip et pqpge

Cahiers d'itudos anarchistes

Adresse : Laçant, 3.P.II3, Paris IPb CCT.: Paris, I6.6PÔ.I7

1  pçécialewent dsny conférence: ML'2t^t et soc d Vveloptarent hiatoriquo^^ Le r critique que JÏ.Zcx-coli (lr'Anarvhia, Torino, 1905, ?• 494-495) fait ù Kropot^Lne au sujet de son int^vprétetion de la Conruiu? m^dil-vale eàt eiT"«rende partie jus-'tifVe. .....

2 (3} conquête du Ppin".

3 r

4  Il exprima son hostilité à l'économie coercitive du gouvernement bolcharvioue dana uoe entrevue avec if.Meatcin, correspondent du "Daily News". Yoir aussi l'intéressante entrevue avec l*Bertanann dans "Le Libertaire" du

5  D^e. ia broohtfa iJ.W ^obr^ 1914, dù "Freodcmr Londres,

6  explicjie ses conceptions :

7  Carlo Ro3selli: professeur d'économie politique et de sociologie, car.arade d'université de Berneri, 3ympathiaant anarchiste, as3isiné en Jr-ince par les f ascistes français sur orîre de Mussolini en I93S*