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PAH M. A. BOUDET
Ir travail, esscncc ilc I'homnic.
Le travail f essence de fhomme.
•
Le devoir de la soci&6 est de pourvoir & tous les besoins de la vie.
II faut h Fhomme une dose de travail propor* tionn£e h ses forces, h son temperament, & son
Le travail est aussi ndcessaire h la sant6 de Fhomme que FoisivetS lui est contraire^ — Foisi-vet£, source de presque toutes nos maladies.
La soci&£doit veiller h lasant6 du corps. Sans la sant6 du corps la sant6 de Tame est impossible. La sant6 du corps amfene la perfection de la race. La sant6 d&ruit les germes de jalousie entre les hommes.
Le travail, p6re de toutes les jouissances mat&-rielles de Fhomme. — Du travail nalt Ja richesse; le travail est le nourricier de Fhomme. L'homme a le droit de veiller h la distribution du fruit de son travail.
L'homme laborieux, Fouvrier, en un mot y a droit & oe que son travail paie largement et lui garantisse ses besoins; savoir : nourriture abondante et saioe, suffisante en un mot, v£tements propres, logement salubre, eu £gard au climat, et enfin certitude de l'avenir.
■ Notre organisation actuelle nous donnera-t-elle ces garanties? Nous l'esp^rons. . Toutes les classes de la society souffrent: chaque epoque a ses moments de crise , crises passageres inh^rentes aux divers syst&mes qui gouvernent la soci£t&
L'homme est ne pour le travail. — La roati&re, instrument du travail.*
L'homme, au premier 3ge, n'avait d'autre Industrie que la cbasse; plus tard les peuples devinrent bergers et nomades.
Aussitdt que Thomme commence vivre en soci£t4, Tamourdu gain oud'amasser des richesses se fait sentir.
Au moyen &ge Thomme s'enrichissait en s'empa-rant du fruit de l'industrie des autres. Pendant le syst&me teodal le seigneur s'enrichissait par la guerre. Quand la guerre fut soumise k des lois t le. gentilhomme d^posa l^p^e pour labourer son champ. : .
Jusqu'Si Louis XV le pr6t k'int^rdt dtait interdit par la religion.
• Depuis cettqipoque il s'est op4r6 dans ['opinion, h regard du travaH et de l'industrie, une revolution aussi complete que celle qui avait changd nos droits politique* en 89. . ....
Des pbilosophes ont proclam£ le travail bienfai-leur de Thumanit^On Fa anoWi, et la noblesse franfaise, pendant Immigration, vivait de son travail* ...... ,
Autre temps, autres moeurs; on peat dire * autres lois.
La question qui nous occupe est la mSme que celle de l'esclavage, vasselage et corps de metiers. . Nos neveux jugeront notre manifere de traiter le protetaire, laiss£ par la soci6t£ sans garantie d'existence aucune, aussi barbare que pouvaient l'dtre celle de nos p&res vis-&~vis de leurs esclaves, Au moins ces derniers etaient stirs de ne pas mourir d'inanition.
L'homme est n6 pour le travail. La soci£t£ lui doit Tinstruction (je proclame la liberty; mais je ne comprendrais pas unesoci£t6 qui abandonnerait une premiere Education k qui voudrait s'en emparer). L'homme est ce qu'on le fait.
L'bomme doit apprendre ce qu'il doit aux autres hommes, ce qu'il se doit h lui-m£me et h la soci£t& On doit lui apprendre qu'il est n£ pour le travail.
Tout ce que nous apprend i'Universite est tres-bon pour qui veut cultiver les belles-lettres : elle nous familiarise avec des langues morles qui nous ont pr£c&16s dans l'organisation des lois et dans la science de la medecine. Mais que nous apprend-elle des sciences exactes et de lout ce qui constitue les besoins de la vie ?
L'Universit^ est comme les langues qu'elle enseigne : trop vieille, elle neconnait pas la valeur du temps. 11 nous faut une Education plus rapide , plus substantielle. Nous voulons connaltre les lois de la matiere. Une fois initie & ces connaissances rhomme intelligent pourra choisir, k son gi^, I9 genre de travail auquel il se croira le plus propre.
Tout homme alors pourra chercher dans la poli-
tique ses droits, dans la philosophic morale ses devoirs, dans l'histoire I'exp^rience, dans la creation des richesses ses jouissances.
La crise da moment tient k diff£rentes causes qu'il faut d^finir, pour que, le mal une fois bien connu, nous puissions trouver un remade efficace.
Les revolutions sociales et politiques ne viennent pas sans cause. Les institutions sont com me les hommes : quand elles ont fait Ieur temps, il faut qu'elles meurent. Ainsi les Iois , ainsi les moeurs et les habitudes. Si elles ne meurent pas , il faut qu'on ait le soin de les rajeunir et de les ajuster suivaut les besoins et les tendances de l'lpoque. Ces tendances se d&erminent suivant Pimpulsion que donnent les proph&tes du temps. - t'Angleterre, la terre classique de Tindustrie , s'est jetee h plein collier dans les idt§es des dcono-mistes. Les lois Writes par Smith sur le capital, sur la production des richesses, sur le salaire des ouvriers (donner & ces malheureux le moins. possible et obtenir d'eux le plus de travail possible), sur la culture des terres; toutes ces theories y sont a lY'tat pratique. Les machines y sont plus perfectionn^es que nulle part ailleurs. Aussi ne reste-t-il qu'& essayer la fatale loi de leur Malthus. pour prouver que les ^conomistes ont raison, et que le travail humain n'est bon qu'ci cr£er des richesses, et b faire mourir de mis&re les producteurs de ees mdmes richesses.
Telle n'est pas la loi de Dieu.
La France cherche h marcher sur les traces de sa rivale. Nous sommes moins avancSs dans la science de la production des richesses : nous jugeons plus s£v&rement ces syst&mes contre nature. En Angle-terre la fin justifie les moyens. En France nous voyons le revers de la m£daille : nous consid£rons que, s'il y a du vrai, tout n'est pas pour le mieux. En Angleterre, s'il y a des pauvres qui travailient, il y a des lords qui jouissent. En France nous avons des pauvres, et, s'il y a des riches, il existe entre les deux une population qui, elle aussi, vit de son labeur, et qui ne souffrira pas qu^en travail-lant Phomme soit condamn£ h mourir d'opprobre et d'infamie.
Le capital a moins de force en France : mais son influence est immense. Nos hommes d'Etat Pap-pr£ciaient hors de mesure : le veau d'or allait 6tre ador£.
Les £conomistes, les philosophes-, qui avaient mis le travail en honneur chez les nobles, n'avaient pas eu, comrae en Angleterre, le temps de leur faire connaltre toute la puissance de la creation des richesses. Mais ils leur avaient appris qu'avec le travail on se procure de Pargent, et qu'a vec Pargent on peut toqt.
De 6tait venue la soif de PoV, qui d^vorait les hautes regions dessoci£t£s. Les ^conomistes avaient dit : Pour produire il faut consommer. Enrichissez ceux qui gouvernent, payez-ies grassement : ils feront fleurir le commerce. Yoyez comme cela a rlussi. On commence par nous ruiner, on prend la sueur de notre front; les impdts de toute nature ne suffisentpasa contenter la cupidity des grands, qui, loin d'etre satisfaits, se livrent avec frin6sie b toute esp&ce de jeux.
Insens&l ils ne voyaient pas quils epuisaient
la poule aux ceufs (Tor en su$ant jusqu'i s<J8 en trail les.
Un peuple est riche le jour ou tous les citoyens ont un revenu. Qu'esfc-ce que le revenu? Ce sont les Economies faites surla valeur v&ialequ'acquiert la mati&re par l'industrie et le travail de Fhomme.
Si vous venez ravir aux uns ce qu'ils gagnent p^niblement, vous les condamnez h un travail forc£, travail qui abrutit et qui dltruit chez Fhomme ses plus belles facult^s. Si vous le donnez aux autres dejh riches et opulents, vous les livrez au luxe et a la moilesse-, la moilesse, qui 6nerve Tame et tue les nations.
Le but que nous devons atteindre est le bonheur de tous : c'est le r&gne de l'dge d'or.
La loi que j'opposerai h la loi Malthus, je Fap-pellerai proles, 4tymologie du mot protetaire. Si nous parvenons h supprimer le proletariat, je veux perp&uer la loi proles.
Une nation est riche de ses enfants quand lis sont forts, vigoureux et travailleurs.
Le mal une fois bien connu , il s'agit de tourner les id£es du cdt£ oil se trouve le remdde.
Am&iorerla race, fairedeshommes forts, vigoureux, instruits sur les lois de la mattere, aptes h connaltre, k appr&ner et pratiquer F&at qui leur couvient.
Quel d^veloppement va prendre Findustrie le jour oil tous les homines seront initios aux lois de la mattere; quand tous les hommes pourront £tre des Jacquard , des Fulton , des Gay-LussacI
Quand chaque industrie sera exploit^ , non par la routine obscare, mais par la science; que la th^orie sera pass^e h ('application, que de forces inconnues! que de machines nouvelles I combien celles qui sont en usage seront perfection n6es! Alors, et seulement alors, les forces de Fhomme seront £conomis£es. Alors les machines travailleuses feront, sans inconvenient, le plus possible et au meilleur march6 possible.
L'ouvrier recevra uir salaire qui lui permettra d'etre, sinon capitaliste-rentier, au moins travail-leur-rentier et consommateur.
Tous les objets n^cessaires & la vie seront h des prix tels que tout travailleur sera consommateur, pourvu que le travail $ quel qu'il soit, ne soit livr£ au monopole d'aucune csp&ce.
II faut que l'industrie, de mdmeque le commerce, soit libre;
Le commerce, retenu et limits par les lois.
Le petit commerce est Tame de Tindustrie.
Le monopole paralyse tout: le monopole du gou-vernement comme tout autre.
Le gouvernement ne doit se m&ler que des voies et moyens, afin de faire affluer partout, et dans les m6mes conditions, les aliments du travailet cela sans^gard aux int£r6ts individuels.
Dans le m6me but, la surveillance du gouverne-mentdoits'exercersurlecr&iit. Lesbanques doivent Stre organises de telle sorte que, aliment^es par le commerce (4), cr^es pour lui, ne prosp^rant que
(J) J'entends par commerce toute espdce de travail, Industrie, agriculture, qui ont besoin, pour prosper, do secours du capital.
par lui, elleS ne puissent profiler qu'i lui, au moins en temps ordinaire.
Les assurances doivent 3tre mutuelles, cv66es et organises dans Tinter^t de tous; elles doivent &tre g£r£es par le gouvernement : assurance sur la vie, assurance contre l'incendie, la gr£le , les malheurs publics, etc.
Multiplier les tontines par les m£mes moyens, forcer les parents h assurer leurs enfants venant au raonde, de mani&re a ce que tout homme arriv£ k vingt ans ait un capital.
Cr£er h profusion des caisses d'£pargnes, de secours mutuels, de prevoyauce, de retraite, etc.
Quelle force morale et mat^rielle acquerraient ainsi tous les liens de famille, qui, resserr£s, doivent servir de chaine pour attacher ensemble tous les membres de la soci£l61 Quelle puissance aura alors le gouvernement d'une r^publique dont tous les enfants seront forXs, robustes, intelligents, riches du present, riches d'avenir, tous attaches i sa conservation, & sa prosp^rite, tous int^ressfe h le d^fendre I
R^publique dont tous les enfants seront 6man-cip£s I
LOIS.
Enseignement.
Libert^ sous la surveillance du gouvernement.
Instruction appliqu£e aux sciences exactes , aux besoins de la vie.
Devoirs deI'homme. Ornementsde Tesprit.
Patenles.
Droit de travail.
La patente doit indiquer d'une manifere formelle les devoirs du patente envers la societe, envers ses collogues, envers la gestion de ses affaires.
Faillites•
Tout homme patente peut 6tre declare en faillite.
Les faillites ainsi que les patentes ne doivent pas fltre speculation pour le fisc. Faire trois categories. Tout failli doit passer en jugement.
Faillite, malheur public.
Faillite par malheur. — Absolution.
Faillite par imprudence. — Peine suivant le deiit.
Faillite scandaleuse. — Peine tr£s-sev6re.
Rentrera dans la 3« catlgorie tout patente qui n'aura pas rempli les devoirs presents par la patente.
Tout failli ne pourra travailler que si I'arrAt le lui permet, et avec patente de failli r6dig£e ad hoc.
Aussitdt rehabilite, il rentre dans le droit commun.
Travail des manufactures.
Tout patent^ peut avoir des ouvriers. Nul n'est ouvrier sans livret.
Le livret est un conlr^t entre le maltre et I'ou-vrier. II doit expriraer les devoirs de I'ouvrier vis- . &-vis la societe.
Trois categories de livrets :
Livrets d'enfants ou journaliers, apprentis et ouvriers.
La loi doit fixer les r^glements g6n6raux; le Iivret doit les contenir.
Les rtglements particuliers doivent Stre affich£s dans Tatelier.
Nota. Les peines infligtes aux ouvriers doivent dtre des amendes au profit du maltre s'il y a eu dommage pour lui; dans le cas contraire, les amendes devraient dtre versus dans une caisse au profit des ouvriers.
Caisses d'fyargnes, de prdvoyance, secours; recompenses, dotations, retrailes.
Parmi les institutions nouvelles il n'en est point qui s'applique plus directement h la question ^organisation du travail que la caisse d'tpargnes,: ce qui y manque c'est la tendance h l'application.
La caisse d'6pargnes, institution admirable, dont le but est manqu£ par l'application qu'en faisait Tancien gouvernement.
La caisse re£oit et accumule l'6pargne du pauvre plutdt que celle de Touvrier, qui ne j>eut guere £pargner. II faudrait lui en donner les moyens et V\ contraiodre. Get argent, accumule, ne restait pas dans la circulation : le gouvernement s'en empa -rait. Ainsi vous dites oux travailleurs: Economisez; et vous lui enlevez, sous pr&exte de thtsauriser, 1'instrament du travail.
Toules les caisses doivent Gtre mutuelles: institutes pour l'ouvrier, ne prosp^rant que par lui, elles ne doivent profiter qu'i lui.
Prud'hommes.
Institution sublime! le vceu de la loi est que chaque industrie y soit representee.
Les prud'hommes sont les gardiens naturels de toutes les lois sur Vorganisation du travail.
Le capital joue un si grand rdle dans l'industrie, et, par contre-coup, dans le travail, qu'ii peut retendre, Farrtter, le developper & son gre.
La societe a done le droit d'en fixer les limites et les bases. Plus l'int£r£t est bas, plus le travail est demande et retribue.
Qui aura h s'en plaindre? Le capitaliste oisif, le frelon vivant aux depens des abeilles.
Amable BOUDET.
LIMOGES. — IMPR1MBRIB DB CHAPOUUUD FIBRES.
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